Frank Polson, une source d’espoir et d’inspiration

Gabrielle Chaumont, Contact, Témiscaming, le 26 août 2015

Frank Polson est un artiste algonquin de la Première Nation de Long Point à Winneway, près de Laforce au Témiscamingue. Ses oeuvres sont exposées un peu partout au Canada, et cet été, le Musée de la Gare de la Ville de Témiscaming est l’un des endroits où on peut admirer ses toiles, peintes dans un style traditionnel appelé «woodland art». Ses peintures représentent souvent la faune sauvage de notre région et parfois des êtres humains.

Cet artiste est également sculpteur et c’est d’ailleurs lui qui a réalisé le totem qui trône sur l’île du Long-Sault entre Témiscaming et Thorne. Il sculpte différents matériaux souvent utilisés dans l’art autochtone dont la pierre à savon et les bois d’orignaux.

M. Polson fait de l’art depuis 1995, créant ainsi plus de 2 600 oeuvres. Il indique toujours avoir eu un intérêt pour ce domaine : Enfant, il dessinait déjà des animaux sauvages.

Sa vie n’a pas toujours été facile, mais l’art lui a permis de s’en sortir : «Ce n’est qu’après des décrochages successifs, deux séparations, l’abus de substances et 60 mois d’incarcération dans une institution fédérale que l’art s’est révélé être un chemin vers l’indépendance», indiquait l’artiste. Lorsqu’il était détenu, il a découvert un livre sur un artiste pratiquant le «woodland art», Norval Morrisseau, et a rencontré un autre artiste nommé Steve Toulouse, qui l’a encouragé à croire en soi. Ce furent les sources d’inspiration dont il avait besoin pour se lancer dans une carrière artistique. Il a mentionné que même des visiteurs du pénitencier achetaient ses peintures.

Pour M. Polson, l’art est une thérapie : «Peindre me donne le sentiment de faire quelque chose pour moi-même. C’est excitant de faire partie de l’évolution de l’art algonquin contemporain collectionné et exposé partout dans le monde», disait-il. Lors de notre rencontre au Musée de la gare, il a fait remarquer que toutes les lignes de ses peintures étaient connectées, formant une sorte de «cadre» dans l’image. Cette façon de peindre l’aiderait à maintenir son propre équilibre dans la vie de tous les jours. Quant aux animaux qu’il peints, se sont des symboles de la spiritualité algonquine.

Aujourd’hui, Frank Polson mord dans la vie à pleines dents. En plus de créer des liens entre les autochtones et les autres canadiens avec la peinture, il intervient auprès des jeunes en difficulté afin de leur montrer qu’il y a toujours un moyen de s’en sortir. Il a même déjà organisé un atelier pour aider les jeunes en collaboration avec le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. «Chaque occasion de montrer mes œuvres me permet de briser l’isolement des miens, de promouvoir nos traditions et de bâtir un pont entre les cultures. La situation des jeunes m’interpelle et je suis toujours heureux de partager mon expérience avec eux et leur raconter à quel point l’art m’a aidé à me libérer et à accéder à une vie saine remplie de découvertes», expliquait le principal intéressé.

Et l’histoire ne s’arrête pas là. Plusieurs de ses œuvres sont actuellement exposées ailleurs au pays, à North Bay, à Sudbury, à Montréal, à Québec et à Toronto. Il prévoit également en exposer éventuellement en Europe, soit à Cannes en France et au Luxembourg.

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