Guillaume Rosier, Le Trait d'union du Nord, Fermont, le 24 août 2015
Du 3 au 16 aout dernier, un groupe d'une vingtaine de jeunes Français a vécu l'expérience de l'exotisme nordique. Il s'agissait du deuxième volet d'un programme de coopération qui avait débuté l'an dernier, lorsque 23 Fermontois s'étaient rendus en France.
La genèse
En 2014, à Breteuil-sur-Iton, une petite ville de Haute-Normandie, l'association le P.A.R.C (Projets Animations et Rencontres Culturelles) décide de se lancer dans un chantier jeunes en collaboration avec le Québec. L'idée est d'initier une aventure humaine, coopérative, entre deux peuples ayant les mêmes origines, axée sur une thématique environnementale et patrimoniale.
Cet échange peut ouvrir des portes et agrandir les horizons. Séverine Duchossoy, coordinatrice à l'association le P.A.R.C., raconte : « Lors d'un projet similaire en 2006, une vingtaine de Bretoliens [habitants de Breteuil-sur-Iton, NDLR] sont partis en Angleterre. Aujourd'hui, la moitié d'entre eux vivent dans des pays comme l'Inde, la Chine ou la Nouvelle-Zélande. Les Français ont parfois du mal à bouger de chez eux, et ce type de projet favorise la mobilité. »
Séverine envoie près de 800 courriels au Québec pour trouver un partenaire qui accepterait d'embarquer dans l'aventure. C'est finalement Fermont qui répond à l'appel. « Au début, je pensais que c'était un canular », se souvient Suzanne Synnott, responsable de la Maison des jeunes Alpha. Ainsi, à l'été 2014, une vingtaine de jeunes Fermontois s'envolent pour la France. À Breteuil-sur-Iton, les chantiers réalisés ont été la restauration d'un mur en pisé et celles de berges.
Déjà, les différences culturelles apparaissent. « On avait vraiment découvert un monde différent. Par exemple, on était pas habitué aux horaires des repas. Le souper était vers 19 h, parfois 20 h et il y avait le gouter avant », racontent Raphaëlle Rioux, 16 ans, et Jonathan Rouleau, 15 ans.
Cette année, c'était au tour des Français de s'envoler de l'autre côté de l'Atlantique. « Je ne suis jamais parti aussi loin ni aussi longtemps de chez-moi », lance le Bretolien Raphaël Ravesse, 17 ans.
Le Québec, c'est l'aventure
Avant même de quitter leur pays, les Français étaient déjà plongés dans l'aventure. Lorsqu'ils étaient à Paris, une alerte à la bombe a été déclenchée. À Montréal, le vol pour Sept-Îles a du retard. Près d'une demi-heure après le décollage, le pilote annonce : « Nous rencontrons des problèmes avec le manche. Nous devons faire demi-tour. » L'avion tourne un moment autour de l'aéroport de Montréal avant de se poser, car il doit se délester de son carburant. Dans le deuxième avion, « rebelote! » comme on dit en France. Une trappe à l'arrière de l'avion se bloque.
En attendant à l'aéroport un troisième appareil, des Québécois s'interrogent sur la destination finale du groupe. « -Youssé que tu t'en vas? -Nous allons à Fermont. -Ayoye! T'es tu sérieux? C'est dont ben loin! ». Finalement, le troisième avion mène les Français à bon port, à Sept-Îles. Il est plus de minuit et le prochain vol pour Wabush part dans quelques heures. Tout comme pour les pionniers et autres coureurs des bois de jadis, la route du Nord est longue et semée d'embûches! Tout au long du séjour, la devise sera : « Le Québec, c'est l'aventure! »
Les jeunes Français n'auront pas chômé pendant leur séjour à Fermont, tout comme les Québécois qui les accueillaient. Au camping, ils ont apporté leur aide afin d'aménager les emplacements. Ils ont également installé de la tourbe sur le terrain de balle. Ils ont participé à une course d'orientation organisée par le CLD à travers la ville, fait du kayak à Manic-5, crapahuté dans le massif des monts Groulx (avec une ascension épique du mont Harfang) et visité la mine du Mont-Wright. Les aurores boréales, summum de l'exotisme nordique, ont fait quelques apparitions au plus grand bonheur des Français.
Le groupe logeait au Centre multifonctionnel Cliffs et chaque matin, il déjeunait au complexe d'ArcelorMittal. La communauté fermontoise a accueilli à bras ouverts les Bretoliens.
Les contraires s'attirent
Fermont et Breteuil-sur-Iton sont deux mondes complètement opposés. D'un côté, des espaces surdimensionnés, un 40e anniversaire fraichement célébré et de l'autre, une ville paisible du pays d'Ouche, qui a été une place fortifiée de Guillaume le Conquérant au 11e siècle. Les mentalités sont également bien différentes. « On a pas du tout le même type d'organisation », explique Séverine Duchossoy. « Pourtant, on est parvenu à travailler ensemble de la plus belle des façons. » Séverine conclue : « Nos jeunes Français ont vécu à Fermont une expérience hors du commun, unique. Cela devrait leur donner l'envie de revenir à la découverte du Québec et des Québécois, ces cousins que l'on a perdu de vue et que l'on retrouve enfin. »
La Vache et le Caribou
Il existe des liens historiques forts entre la Normandie et le Québec. Cette région française a joué un rôle important dans la construction de la Nouvelle-France. Près de Breteuil-sur-Iton, à Verneuil-sur-Avre, a lieu chaque année un festival qui célèbre ces liens historiques et culturels franco-québécois : La Vache et le Caribou. Un peu plus loin, à Tourouvre, on peut visiter le musée de l'émigration française au Canada.