Justine Castonguay-Payant, Journaldesvoisins.com, Montréal, septembre 2015
Il n’y a pas si longtemps, le gouvernement du Québec annonçait des compressions de l’ordre de plusieurs millions de dollars dans l’ensemble de ses secteurs d’activités, y compris dans les services d’éducation. Aux dires des décideurs, ces compressions ne devaient pas altérer les services aux élèves, mais selon des parents d’Ahuntsic-Cartierville, c’est l’inverse qui se produit.
« C’est vraiment triste de voir ce qui se passe actuellement dans le réseau des écoles », m’explique une maman qui ne passe pas une journée sans mener une lutte quelque part dans un groupe ou un comité de parents, que ce soit pour valoriser le système public ou encore pour le maintien des services aux élèves en difficulté. Car oui, disons-le, les élèves sont les principaux perdants dans toute cette histoire.
« Ce n’est pas normal que la plupart de nos demandes de services auprès d’un professionnel de l’éducation tardent à aboutir ou sont carrément refusées », poursuit-elle. Elle ajoute qu’à l’école de son enfant dysphasique, il n’y a pas d’orthophoniste disponible avant plusieurs mois d’attente. Triste. Inquiétant. Aberrant. Ce sont les mots que tous les parents que j’ai rencontrés au cours de l’été avaient sur le bout des lèvres. Tous sont unanimes à dire que l’éducation n’est plus une priorité au Québec ces jours-ci.
Services de base en péril
Les services pédagogiques ne semblent donc pas les seuls services touchés par les mesures de rigueur budgétaires imposées par le gouvernement; les bibliothèques et les services de transport de certaines écoles peinent à poursuivre leurs activités. « Je ne veux pas parler contre la direction de l’école que fréquente mon enfant parce qu’elle fait un travail formidable, mais on n’aurait jamais pensé que maintenir un service de base comme l’accès à la bibliothèque pouvait être aussi difficile », me raconte une autre maman infatigable qui en avait beaucoup à dire sur les récentes vagues de compressions.
J’ai demandé à ces parents ce qu’ils ont entrepris comme actions pour faire valoir leur point de vue. Ils ont organisé des pique-niques, ont mis sur pied des pétitions, ont déposé des collectes de sous noirs à l’Assemblée nationale et ont tenté de rencontrer les élus du quartier. Bien qu’ils aient reçu un bel accueil de leur part, leurs revendications sont restées sans suite. Ce qui semble ressortir des propos de ces parents, c’est à quel point il est difficile d’obtenir l’heure juste sur ce qui se passe. Infos prioritaires
Beaucoup de parents se plaignent du manque d’aide pour y voir plus clair et de l’incertitude entourant les questions budgétaires. « Que faudrait-il faire? », leur ai-je demandé. « Continuer, m’a répondu une autre maman. Continuer de tenir les parents informés. » Tout n’est donc pas noir, c’est vrai. Je me permets de souligner quelques petites victoires : l’école Saint-Isaac-Jogues a gardé l’accès à sa bibliothèque et le service du transport sera maintenu à l’école l’Atelier, du moins pour la prochaine année scolaire.
Est-ce le début du déclin des services aux élèves? Un virage est-il en train de s’amorcer en faveur des compressions? Une chose est sûre, l’éducation est un sujet qui continuera à faire jaser, d’où l’idée de cette nouvelle chronique.