Eau secours

L’article qui suit est en réponse à la lettre ouverte de Mme Suzanne Pilon publiée dans L’Écho de Cantley au mois de juillet dernier.

Albert Potvin, conseiller municipal

La notion de bien commun associée à l’eau est bien connue au Québec depuis l’adoption de la loi affi rmant le caractère collectif des ressources en eau. Cette nouvelle loi, adoptée en 2009, reconnaît que tous les résidants du Québec ont le droit d’accéder à l’eau potable, soit pour s’alimenter soit pour une question d’hygiène.

Cette loi stipule également que les besoins de la population sont prioritaires, suivis des besoins des écosystèmes et des activités à caractère économique. Pour s’assurer que la population sera desservie en premier, le législateur a déjà prévu par voie de règlement qu’une demande d’autorisation soit déposée auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour tout captage d’eau souterraine de 75 m3 ou plus par jour.

Cette obligation est assortie de la nécessité de déposer une étude hydrogéologique établissant l’impact d’un projet sur les usagers établis dans un rayon de 1 km. Or, dans le cas du projet de lave-auto, il est clair que le promoteur ne sera pas soumis au règlement sur le captage des eaux souterraines (art. 36), puisque l’eau souterraine captée sera très inférieure à 75 m3 par jour. Cela s’explique par l’utilisation d’une technologie qui, sur le papier, permet le recyclage de l’eau dans une proportion de 90 %. Il reste à voir si ce taux tiendra en pratique.

À mon avis, ce qui achoppe avec le changement de zonage (autorisé le 14 juillet), c’est ni plus ni moins l’absence de précaution ainsi que la faible acceptabilité sociale. Je m’explique. Comme vous le savez, la majorité des citoyens de Cantley dépendent  d’un puits artésien pour s’approvisionner en eau potable. Or, à mesure que se développe l’activité économique, la majorité des projets (excluant le projet du centre commercial) pourraient ne pas être assujettis à une demande d’autorisation. Ainsi, l’usage de l’eau à des fi ns économiques se multipliera sans que la Municipalité prenne en compte l’impact (cumulé) de ces projets sur la nappe phréatique lors de la délivrance de permis. C’est ce qui explique en partie la pénurie d’eau au centre-ville de la municipalité de Chelsea ainsi que les travaux d’aqueduc en cours (au coût de 24 millions $) pour alimenter le centre-ville en eau potable.

Pour réduire le risque possible que les puits artésiens de certains usagers deviennent moins performants, il y aurait lieu, à mon avis, d’adopter le principe de précaution en continu à l’aide d’un règlement municipal, lequel imposerait au moins une mesure de contrôle. Cette solution, quoique plausible, pourrait toutefois être diffi cile à appliquer compte tenu de la primauté de la loi provinciale.

À noter, toutefois, que ce ne sont pas tous les règlements municipaux en matière d’environnement qui sont prétendument inopérants. Cette question fera l’objet d’un prochain article pour L’Écho de Cantley. Pour ce qui est de votre commentaire concernant la nécessité d’une politique de protection de l’environnement, je vous assure que nous y travaillons ardemment bon gré mal gré. Parmi la douzaine de priorités présentement à l’étude, il y a la réduction des gaz à effet de serre, la gestion optimale des fosses septiques, une gestion plus vigilante des usages en eau ainsi que la gestion proactive des déchets organiques, lesquels seront bannis des sites d’enfouissement en 2020.

Bref, nous espérons, Mme Plamondon (conseillère municipale) et moi, être en mesure de déposer la première politique de l’environnement avant les discussions budgétaires planifiées pour le mois de novembre. Soyez assurée que le dépôt de la politique sera bien évidemment précédé d’une consultation publique. Entre-temps, j’ai pris l’initiative d’entretenir un blog dans le but de me rapprocher des citoyens qui s’intéressent à l’environnement. Le blog sera actif au cours du mois d’août.

 

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