Une famille de loutres bien en vue

Jean-Pierre Fabien, Le Sentier, Saint-Hippolyte, août 2015

Voilà déjà une bonne décennie qu’on m’avait informé que des loutres pataugeaient dans notre lac. Depuis ce temps, toutes les fois que j’étais sur place, je scrutais l’horizon pour découvrir ce mammifère. Le dimanche 5 juillet, j’étais sur le quai en train de lire. Nous étions en fin de matinée. De façon soudaine, un clapotement se fit entendre tout près du quai. Ce qui survint par la suite se révéla spectaculaire.

Deux loutres adultes, avec leurs deux jeunes en retrait, se sont mises à nager vers nous. L’une d’elles a émis un sifflement aigu et perçant tandis que l’autre adulte gloussait et grognait de plus belle. Nous avons compris le stratège. Un des petits était coincé sous le quai, hors de la vue des parents. Nous avons donc quitté les lieux pour observer enfin la jeune loutre égarée rejoindre sa famille. Lorsque la famille fut réunie, nous n’étions plus une menace et les loutres se sont mises à vaquer à leurs occupations habituelles.

 

Partout au pays

 

La Loutre de rivière (Lutra canadensis) est présente de l’Atlantique au Pacifique. Ce mammifère amphibie aime bien passer sa vie sur le bord des lacs clairs et profonds ou bien à proximité des marais, rivières et anses maritimes. On observe même des loutres dans la toundra arctique. L’espèce ne construit pas son propre terrier. Elle s’installe parfois dans une hutte de castor ou de rat musqué.

 

Une bête enjouée et intelligente

 

Ce mammifère, merveilleusement adapté à la vie dans l’eau et sur terre, possède une allure élancée et fusiforme. Le museau est arrondi et la queue est longue et fine. L’animal peut replier ses narines et ses oreilles lorsqu’il est en plongée. Les membres, bien que courts, sont robustes. La Loutre de rivière atteint 1,4 m et peut peser près de 14 kg. La loutre est une bête intelligente et enjouée. Lorsque les petits naissent, souvent en mai, ils sont totalement dépendants des parents. Ils peuvent sauter et gambader dès la 5e ou 6e semaine. Ils s’aventurent hors de leur abri de la 10e à la 12e semaine. La mère leur apprendra alors à nager et à pêcher le poisson. Les vibrisses de l’animal, qui sont longues et courbées, servent à repérer les proies. La Loutre de rivière se nourrit surtout de poissons. Elle affectionne particulièrement cyprins, crapets, truites, barbues, chabots et perchaudes. Elle peut compléter sa diète en chassant des rongeurs, des musaraignes, des insectes et des amphibiens.

 

Un monstre en puissance?

 

Cet animal nage très rapidement et peut, à l’occasion, se dresser à la verticale dans l’eau en allongeant le cou. Voici ce que dit A.W.F Banfield à ce sujet, dans son excellent ouvrage Les  mammifères du Canada. Ces mouvements peu communs ont engendré les rumeurs de monstres marins aperçus à Loch Ness (Écosse) et peut-être aussi ailleurs.

 

Un animal étonnant

 

Cet animal ne cesse de nous étonner. Il effectue toutes sortes de prouesses dans l’eau, et, en hiver, adore glisser sur le ventre le long des côtes enneigées. Le plaisir semble être au rendez-vous lorsqu’il pratique ses « loisirs » préférés. Banfield continue ainsi en parlant des mœurs de l’animal : La loutre est très sociable, docile et enjouée, faisant preuve d’un sens familial exceptionnel. Le mâle n’est combatif qu’à l’époque du rut; la femelle le chasse après la mise bas jusqu’à ce que les petits aient quelque peu grandi, puis il revient vers sa partenaire pour l’aider à les dresser. Exceptionnelle rencontre que cette famille de Loutres de rivière. En souhaitant pouvoir les croiser de nouveau autour du lac.

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