Répondre aux besoins plutôt qu’aux pathologies

Audrey Tawel-Thibert, Le Journal des citoyens, Prévost, juillet 2015

Déménagée en juin dernier face aux bureaux du Centre Sida Amitié (CSA), la clinique communautaire d’infectiologie située désormais à Saint-Jérôme se veut un complément pour le système de santé actuel. Un véritable réseau d’aide et de services a été mis en place pour les personnes porteuses du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou atteintes du sida, l’un menant à l’autre.

Le CSA, qui existe depuis près de 25 ans, est animé par un esprit communautaire certain. Une visite rapide des bureaux du Centre avec le directeur général Hugo Bissonnet suffit pour le constater : petit local d’informatique, salle de matériel de prévention, salle d’informations garnie d’ouvrages sur la santé, bureaux d’intervenants…toutes des ressources pertinentes auxquelles usagers, membres, bénévoles et employés ont accès. Hugo estime qu’une quarantaine de personnes œuvrent à titre de bénévoles au Centre chaque année en plus d’une quinzaine d’employés permanents qui se spécialisent dans les domaines de la prévention, du soutien et des suivis médicaux. À cela s’ajoutent des chauffeurs bénévoles, un jardin communautaire et du dépannage alimentaire.

 

Des préjugés, en 2015 ?

 

«Ce sont des gens très marginalisés. Notre optique est basée sur les besoins de la personne, nous pouvons la référer à la bonne ressource s’il y a lieu », indique Hugo. Il importe aussi de défaire les vieux préjugés : des comportements honteux et des paroles malheureuses sont souvent constatés dans les milieux hospitaliers et professionnels à l’égard des personnes infectées. Eh oui : on doit encore répéter en 2015 que le VIH ne se transmet pas par un simple toucher!

 

La clinique

 

Il s’agit de la seule clinique d’infectiologie communautaire du Québec. Le Dr Robert y travaille depuis 2001. «Ce n’est pas une clientèle difficile, ils sont simplement différents », fait-il remarquer. Et il fait attention à ne jamais condamner les décisions de ceux qu’il soigne : «Certains patients en ont assez de vivre avec la maladie, donc ils cessent de prendre leur médication. On respecte ce choix, mais on continue d’effectuer des suivis malgré tout; autrement, ce serait de l’abandon.

Leur dire "J’espère que tu prends tes pilules" les amènerait à mentir de toute façon. », explique Dr Robert. Il est aussi commissaire à l’assermentation, ce qui lui permet d’aider les personnes qui n’ont pas de carte d’assurance-maladie. À la clinique, des dépistages anonymes et gratuits sont offerts, que la personne ait ou non une carte d’assurance-maladie. Des bilans médicaux et des prises de sang sont aussi possibles.

 

Financement

 

Le CSA et sa clinique n’ont pas été directement affectés par les coupes fédérales en santé. En fait, la clinique n’a jamais reçu de subventions, car elle bénéficie d’un financement privé dont les principaux bailleurs de fonds sont les laboratoires pharmaceutiques. Le Centre a donc toujours été autonome malgré les contraintes que cela implique; il arrive en effet que quelques journées ou demi-journées soient supprimées ici et là, faute de fonds. Il est possible de faire des dons en argent ou en chèque, et des reçus d’impôts sont alors émis.

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