Rencontre avec l’artisane autochtone Dora Baptiste

Gabrielle Chaumont, Contact, Témiscaming, le 12 août 2015

L’art ne se limite pas qu’à la peinture ou à la sculpture. Fabriquer des vêtements et des accessoires est une forme d’expression artistique très populaire chez les artisans autochtones. Fabriquer des accessoires traditionnels est la spécialisation de l’artisane Dora Baptiste de la Première Nation d’Eagle Village. Dans son atelier situé dans sa résidence, elle fabrique des mocassins et de nombreux autres accessoires très variés selon la tradition algonquine. Elle pratique cet art depuis 1978.

Avec de la peau d’orignal ou de cerf et parfois un peu de fourrure de castor ou de lapin, Mme Baptiste peut créer une paire de mocassins, de pantoufles, de bottes, de gants ou de mitaines dont elle tapisse l’intérieur de tissu polaire, semblable à de la laine de mouton. Ses créations sont fabriquées sur demande et peuvent être personnalisées selon la commande du client. Par exemple, lors de notre visite dans son atelier, Mme Baptiste nous a montré un de ses projets en cours, une paire de mocassins pour une jeune fille en fauteuil roulant : «Elle adore les coccinelles, donc je décore ses mocassins avec des coccinelles», expliquait l’artisane. Pour décorer ses œuvres, elle fabrique souvent des décorations constituées de minuscules perles colorées enfilées sur des fils. Parfois la décoration est une forme découpée dans le cuir ou dans le tissu.

Avec les peaux, qu’elle se procure auprès de différentes compagnies, Mme Baptiste confectionne aussi des vestes, des sacs à main, des étuis pour montres et même des vêtements pour poupées. D’ailleurs, à partir de petites poupées et figurines, elle peut créer de charmantes décorations représentant des bébés emmitouflés dans leur couverture ou dans leur porte-bébé traditionnel.

Une autre type d’objets traditionnels que l’on retrouve dans l’atelier de Mme Baptiste est le capteur de rêves, cette décoration semblable à un filet garni de plumes et qui, selon la croyance traditionnelle, protège contre les mauvais rêves. Mme Baptiste en fabrique de toutes les tailles avec des plumes de toutes les couleurs. Elle confectionne également un autre type d’objet semblable appelé «mandella» qui, semble-t-il, apporterait la paix dans le foyer de son propriétaire.

Finalement, d’autres trouvailles sympathiques sont les barrettes pour les cheveux confectionnées par Mme Baptiste avec la méthode des petites billes tressées, tout comme les décorations mentionnées plus haut. Certaines sont de formes rectangulaires et décorées de huards, mais la plus remarquable lors de notre passage représentait l’aigle, le symbole de la communauté d’Eagle Village.

On se doute bien que de nombreuses heures de travail sont nécessaires pour la confection de cette foule d’objets : «Ça peut me prendre trois jours pour réaliser une paire de mitaines et deux jours pour une paire de pantoufles», a-t-elle indiqué,

Mme Baptiste a appris les bases de l’artisanat autochtone en suivant un cours de 28 semaines avec une enseignante originaire de Notre-Dame-du-Nord. Ensuite, elle a pris part à une autre formation avec Anne McKenzie qui résidait à Letang, avant de poursuivre par elle-même la pratique de son art. Elle a aussi donné des cours d’artisanat au Eagle Dome dans le passé.

 

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