Piano des villes, dextérité et interprétation phalangienne

Jean-Guy Deslauriers, L’Itinéraire, Montréal, le 15 juin 2015

J'ai été séduit par Chopin, par Tchékhov et Beethoven, déconcerté par la dextérité et l'interprétation phalangienne de certains de ces musiciens, consterné, comme s'ils nous avaient été parachutés de nulle part.

Suite à son lancement en 2008 à Birmingham. Grande-Bretagne, plusieurs villes dont Hangzhou en Chine. New-York. Paris. Sydney et Toronto vont s'inspirer de ce concept fort original et inattendu de Sharrow Vale Road et de l'artiste Britannique Luke Jerram et emboîter le pas. Nous retrouvons aujourd'hui ces pianos dans les rues de quarante-sept villes dans le monde, dénombrant pas moins de 1 333 pianos.

Depuis son envolée à Montréal. le 4 juin 2012, le grand public est rapidement séduit et conquis par la mécanique festive du projet. Inauguré pour la première fois sur le Plateau, par les artistes Patrick Watson et Victor Simon, cet instrument souverain et accueillant va rapidement devenir un symbole de vie de quartier.

Aujourd'hui, grâce à la générosité de nos églises, des particuliers et de nos écoles, on ne compte pas moins d'une quarantaine de ces pianos, répartis sur l'ensemble du territoire montréalais.

Julien Lebond (accordeur et respectueusement gardien des pianos) assisté de son père. de son frère et de sa petite fille de sept ans, s'évertue depuis 2012 à revamper ses pianos à la plus grande joie de tous les adeptes et passionnés de la musique.

Tantôt jazz, tantôt blues, les styles s'entrechoquent dans la plus belle des ambiances d'improvisation et de talents. Peints aux couleurs d'artistes locaux, ces pianos de rue gagnent rapidement en popularité. Harmonies symétriques de notes noires et blanches, les passants s'accordent sur un tempo clairement défini, tantôt avec finesse, tantôt avec maladresse, au son parfois audacieux. La fierté de ce concept s’assure la ferveur et I’attention de la communauté, d’un parent, d’un enfant, d’un curieux, attiré par l’audace d’un moment.

Nous accordons un enthousiasme sans faille à ce mini festival urbain, devenu avec les années un incontournable. Les pianos sont mis à la disposition du public sans gêne, pour tous ceux et celles qui le désirent, de la mimai à début septembre. D’une parfaite résistance aux bruits ambiants de toutes sortes, rien ne saurait perturber I’engouement frénétique des participants, d’une prestation à l’autre.

Ces espaces publics sont aujourd'hui des lieux de rencontre et de rassemblement, d'échange, d'amitié et de création. C'est un rendez-vous: Piano des villes, Montréal 2015, depuis la fin mai. Bon été en musique à tous et à toutes!

 

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