Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 8 juillet 2015
Plus de 150 personnes «ont fait le trottoir pour une bonne cause et ont laissé parler les pancartes», dernièrement afin de donner leur appui aux membres du comité de citoyens pour la survie du CLSC et du CHSLD de Weedon en opposition au projet Tout sous un même toit (TSMT). Ces derniers rencontraient Carol Fillion, directeur général adjoint des programmes sociaux et de réadaptation, et Jean Ferland, directeur technique au CIUSSS de l'Estrie – CHUS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke).
Les délégués voulaient que la direction de la nouvelle entité du CIUSSS revoie le cas de la fusion du CHSLD/CLSC de Weedon qui, depuis trois ans, flatte à rebrousse-poil la population. « Ils nous ont bien écoutés, ils souhaitent s'approprier le dossier et qu'on les aide à trouver la meilleure solution », indiquait Claude-Gilles Gagné, porte-parole du comité.
Poursuivant sur sa lancée, M.Gagné rappelait qu'ils ont soumis aux représentants du Centre intégré universitaire, quatorze questions, les mêmes en fait que celles posées au député provincial, Ghislain Bolduc. « Ils n'ont pas pris d'engagement, mais ils ont creusé la question », ajoutait-il. Cependant, il faisait remarquer qu'au CIUSSS, ils avaient une position campée et qu'ils considéraient qu'entretenir deux bâtiments n'était pas rentable. Clément Fréchette, un des manifestants, mentionnait que le premier plan de rénovation des CLSC et CHLSD séparément coûtait quelque 4 M$ et que le TMST était évalué à quelque 6 M$. M. Gagné reconnaissait qu'avec 2 M$, on pourrait pendant longtemps en prendre soin. « Dans ce cas, il faudrait démolir tous les hôpitaux de Sherbrooke qui sont plus vieux », lançait-il à la blague.
M. Fillion, pour sa part, rappelait que la direction du CIUSSS voyait cette fusion comme un projet porteur, c'est-à-dire qu'elle serait une bonne chose pour la région. « On cherche à diminuer l'impact négatif sur la population. On va revoir certains enjeux. On va revoir les villages [communautés d'appartenance] », affirmait-il devant une grande affiche nommant les municipalités qui s'opposaient à la diminution du nombre de lits dans le CHSLD de Weedon.
M. Fillion ajoutait qu'« on veut trouver une solution pour que la population ait tous les services requis pour que les gens continuent d'habiter le territoire. On est là pour écouter et trouver des réponses. »
Dans un document établissant la comparaison entre la population de différentes MRC et le nombre de lits en CHSLD, il était démontré que pour le Granit et le Haut-Saint-François, le HSF souffrirait d'un écart négatif marqué. « En comparant MRC du Granit et MRC du HSF, le nombre de chambres sera très inférieur même avec le nouveau CHSLD d'East Angus », est-il écrit. Ce serait, selon ce document, dont les données proviennent du site Internet L'Estrie t'applaudit, 100 unités contre 113. Il est ajouté que dans le HSF, il n'y a pas d'hôpital comme à Lac-Mégantic, ni de ressource intermédiaire (RNI) puisque le promoteur qui souhaitait en bâtir une de 20 unités s'est retiré du projet.
Pauline Yargeau, résidente de la région, faisait remarquer qu'à Disraeli, municipalité à quelque 25 km de distance, le CHSLD ploie sous les demandes « Eux, c'est plein, ça déborde, alors qu'ici on coupe des lits », mentionnait-elle. Elle faisait allusion au fait que la découpe du territoire de 2013 nuisait beaucoup à Weedon. Relativement aux huit cas de refus d'admission rapportés par le comité de citoyen, Éric Deccuber, membre de l'ancien C.A. du CSSS du HSF, indiquait que ce n'est pas pour rien que tout le dossier s'est rendu sur la table de la Protection du citoyen. « Les normes entre l'évaluation du CHUS de Sherbrooke et du CHSLD de Weedon n'étaient pas les mêmes. Au moins, ça va standardiser les règles d'admission », notait-il comme point positif. Mis au fait de cette problématique, M. Fillion s'est dit étonné. Selon lui, aucune personne n'a été refusée. « On est ici pour écouter et fournir des réponses », a-t-il répété.
Cette visite laisse beaucoup d'éléments sans réponses, entre autres, le nombre d'emplois perdus, la qualité des soins dus aux mises à pied. Sur ce sujet, le député provincial Ghislain Bolduc avançait que le manque de personnel pouvait justifier la fermeture de lits. Lors de la rencontre entre le comité et les représentants du CIUSSS, ces derniers se sont fait demander combien d'économies avaient été réalisées jusqu'à présent. Et en l'absence de RNI, jugée comme un domicile pour les personnes qui y sont hébergées, l'argent qui devait servir à cette fin irait-il dans les demeures pour favoriser le soutien à domicile ? Les opposants seront informés sous peu des décisions du bureau de direction du CIUSSS.