Et si on donnait tous un peu de notre temps…

Mélanie Loisel, L’Itinéraire, Montréal, le 1er juin 2015

L'été approche, les vacances aussi… À chaque année, on se dit qu'on va enfin prendre un peu du temps pour nous; ce sacro-saint temps après lequel on court tout le temps. On jouera plus avec les enfants, visitera de vieux amis, profitera du bon temps avec les parents et les grands-parents qu'on ne voit jamais assez souvent. Mais pourquoi est-ce si difficile de prendre le temps de donner un peu de son temps?

Dans ce monde de consommation, de rentabilité et de performance. où tout roule à un rythme effréné, on finit par s'oublier et oublier ceux qu'on aime. Imaginez alors à quel point on oublie tous ces esseulés et ces éclopés de notre société à qui on devrait également accorder un peu de notre précieux temps.

On gagnerait pourtant tous collectivement à donner un peu plus de notre temps à notre prochain. On estime qu'à chaque fois que les gouvernements injectent 1 $ au sein d'un organisme de bienfaisance, les bénévoles génèrent en moyenne 4 $ en prestation de services variés. À l'heure où Il existe heureusement encore quelques perles rares qui viennent en aide, par simple bonté, aux gens vulnérables et aux marginaux. Certains bercent des nourrissons prématurés, d'autres aident des enfants dans leurs leçons. visitent des prisonniers, accueillent des immigrants ou encore, prêtent l'oreille à des délinquants sexuels. Ces gens de ('ombre font une différence dans nos sociétés sans avoir besoin d'avoir les projecteurs sur eux. Ils sont très souvent discrets, humbles et empathiques. Et quand on leur demande qu'est-ce qui les a motivé à devenir bénévole? Ils répondent tous sans la moindre hésitation, que donner de leur temps leur fait du bien'

Ils se sentent utiles, valorisés et se réjouissent de pouvoir faire une différence si minime soit-elle. Or, le Québec est la province où on s'adonne le moins au bénévolat. On y compte un peu plus de 2 millions de bénévoles en incluant tous ceux qui donnent quelques heures à embellir leur communauté. à préparer les offices religieux, à organiser des activités sportives ou parascolaires. Dans les faits, seulement le quart de ces bénévoles font la majorité des 385 millions d'heures offertes généreusement aux organismes communautaires.

Les bénévoles québécois consacrent en moyenne 128 heures par année alors que ceux de la Nouvelle-Écosse offrent 207 heures de leur temps selon les dernières statistiques canadiennes. Les organismes communautaires souffrent des compressions du gouvernement Couillard, il serait peut-être temps de se demander quel pourrait être notre apport individuel?

Sans pour autant accepter la déresponsabilisé de l'État face aux plus démunis, on pourrait tous collectivement contrer certains effets néfastes des politiques d'austérité en consacrant quelques heures de bénévolat par-ci, par là.

Il a d'ailleurs été démontré scientifiquement qu'être altruiste nous rend plus heureux qu'adopter un comportement d'indifférence à l'égard de nos pairs. En remettant l'altruisme au cœur de nos sociétés, certains penseurs vont même jusqu'à dire qu'on pourrait en venir à enrayer la pauvreté dans la mesure où on s'engagerait tous, chacun. à notre façon, à œuvrer pour autrui et le bien commun. A quoi donc, ou à qui, aimeriez- vous consacrer un peu de votre temps? Pensez-y donc cet été.

 

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