Samian et Florent Vollant à Val-D’Or pour la journée nationale des autochtones

Tommy Pilon, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, juin 2015

C’est tout un spectacle qui aura lieu dans le stationnement du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, le dimanche 21 juin prochain, dans le cadre de la Journée nationale des Autochtones.

Florent Vollant livrera en primeur le contenu de son dernier album, Puamuna, lancé le 28 avril dernier, accompagné par son acolyte de longue date, le bluesman et harmoniciste de renom Guy Bélanger.  Par la suite, c’est Samian, aux côtés de DJ Horg, qui prendra le relais à l’occasion de cette longue soirée du solstice d’été. Ce sont toutefois les rythmes du tambour sacré des Screaming Eagles, de la communauté du Lac Simon, qui ouvriront le bal à partir de 19 h 30. Chants de gorge inuits, danses traditionnelles, artisanat autochtone et dégustations de mets typiques sont également au programme de l’événement.

Toute la population est invitée à venir vivre cette rencontre entre les peuples, une occasion unique de partager et d’échanger avec les différentes communautés autochtones de la région.

 

 

Pow-wow d’ici et d’ailleurs : Vibrer au rythme des tambours

Ariane Ouellet, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, juin 2015

 

Pour beaucoup de monde, le retour de la belle saison est synonyme de vacances et de fêtes. Pour bien des communautés autochtones, c’est aussi la saison des pow-wow. D’avril à octobre à travers le Québec, les évènements se succèdent, permettant aux danseurs et aux musiciens d’aller à la rencontre des autres communautés et de célébrer leur héritage culturel en suivant un véritable parcours, communément appelé le Pow Wow Trail. Plus qu’une simple fête, le pow-wow est un moment privilégié de rassemblement communautaire et familial. Pour les curieux, c’est le moment idéal pour découvrir une culture passionnante qui se conjugue au présent.


Photo : Ariane Ouellet

 

La tradition du pow-wow ne remonte qu’aux deux siècles derniers en Amérique du Nord. Le mot a son origine dans la langue algonquine, pau wau, qui désignait un leader spirituel, un shaman ou un sorcier. Au fil du temps (et des interprétations étrangères), le terme a fini par être associé au rassemblement. Bien qu’à l’origine, la fête faisait une place privilégiée aux guérisseurs, aux chasseurs et aux guerriers, elle est devenue une célébration de la vie par des chants, des danses, des rituels et des échanges culturels, le tout dans la sobriété la plus stricte.

Un pow-wow, c’est le moment idéal pour voir se déployer une culture vibrante et en pleine éclosion, trop souvent méconnue. Le public y est bienvenu. La communauté qui organise un pow-wow invite des groupes de joueurs de tambour et des danseurs des autres régions à se joindre à eux. Les lieux sont aménagés de façon circulaire, les tambours sont souvent au centre, entourés de la piste sur laquelle évoluent les danseurs vêtus de leurs flamboyants régalias. Tout autour, le public est assis. Toutefois, il ne s’agit pas d’un spectacle. Les musiciens performent à tour de rôle tout au long de la journée, de même que les danseurs. À certains moments choisis, le public est invité à participer aux danses intertribales, un moment de communion tout en simplicité et en bonne humeur.

Dans plusieurs des pow-wow, un animateur (ou un MC) est sur place afin de guider le public et de lui expliquer ce à quoi il assiste. Ce détail important fait en sorte que l’on se sente bienvenu, et il sécurise celui qui assiste pour la première fois à la célébration,  en lui donnant en quelque sorte les clés d’un univers qui ne lui est pas familier. L’animateur indique aussi les moments où il est souhaitable de ne pas faire de photo, et explique les danses et les rituels qui ont une signification particulière qui échappe au non-initié.

Les pow-wow des différentes communautés en Abitibi-Témiscamingue ou dans le Nord-du-Québec se tiennent à tour de rôle dès le 13 et 14 juin, avec celui de Pikogan. À l’honneur, les groupes de tambours Northern Voices, Poplar Singers, Four Wind Spirit, Ottawa River Singer, Black Wolf Group et Moosetown feront vibrer le public et les danseurs, dont Malik Kistabish et Jeffrey Papatie. Beaucoup d’émotions au rendez-vous!

Voici les dates des autres pow-wow à retenir sur notre territoire :

 

Chisasibi : 7 au 9 août
Oujé-Bougoumou : 12 au 16 août
Timiskaming First Nation : 15 et 16 août
Lac Simon : 12 et 13 septembre

 

 

Alexis Wézineau et la recherche des temps perdus

Jean-Jacques Lachapelle, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, juin 2015

 

Dans son appartement, la peau d’orignal trempe dans l’alun. Première étape, pour sa transformation en tambour.

« Avant, j’achetais la peau. Je peignais un dessin sur le tambour. Maintenant, j’apprends. J’apprends à tanner les peaux. Cueillir le bois, l’écorce, les racines. »

Pendant cette première rencontre, tandis que j’essaie de situer son parcours de vie qui l’a mené de sa réserve attikamek à Senneterre, il réalise un tambour sous mes yeux. Quarante-cinq minutes se sont écoulées. Mais que s’est-il passé tandis que j’avais l’attention détournée par son récit de vie?

 

D’abord, il prend une éclisse de bouleau d’une longueur de quatre pieds et d’une largeur d’environ trois pouces. L’éclisse est élimée à l’aide d’un couteau croche qu’Alexis dirige habilement vers lui. Il a quand même pris soin de recouvrir un de ses genoux d’une prothèse de cuir. Raclures efficaces : une planchette lisse, égale, d’une épaisseur d’un tiers de pouce luit d’un beau bois blanc. De son genou, il arrondit la lame de bouleau en cerceau, qui servira de cadre à la peau. Un double tour, maintenu par un piqué de babiche, assure la solidité du cerceau.

Un second petit cerceau fait d’une fine branche de cèdre écorcé sera utilisé pour le dos du tambour, en tant que cercle d’ancrage. La peau d’orignal est encore souple et d’une minceur qui laisse filtrer le jour. Elle n’est pas ronde; l’artisan marque le diamètre nécessaire, puis taille à partir des extrémités de manière à en tirer une longue babiche qui servira ensuite à tendre la peau sur le tambour.

À la livraison des neuf tambours au centre d’exposition, trois semaines plus tard, il en prend un, le dirige vers la lumière de la verrière et me dit : « Tu vois, le soleil passe à travers, ça c’est difficile à faire. »

On m’avait parlé d’Alexis, de ses fantastiques tambours, de ses bâtons de parole aux têtes de lynx ou aux pattes d’aigles. Il m’amena aussi des canots d’écorce modèles réduits, des calumets.

Avant, il dessinait sur des tambours de peaux achetés. Ses tambours étaient prisés pour la beauté des dessins. Puis, à force d’interpeler les aînés, l’attention d’Alexis a été tournée vers la récupération des savoirs traditionnels. Comment cueillir l’écorce, comment tanner la peau, comment préparer le bois de bouleau, comment récolter la racine de cèdre utilisée pour la fabrication des canots…

Comme plusieurs de sa génération, Alexis travaille à la récupération des savoirs traditionnels en interrogeant les vieux, en se rendant au camp de chasse, en chassant, en cueillant. À la recherche des temps perdus, qu’il faut ardemment retrouver.

 

 

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