Laura Meuret, La Quête, Québec, juin 2015
Pour Félix Girard, « ce qui est bien [à Limoilou], c’est que c’est un quartier en évolution : on sent que ça bouge beaucoup et que ça va bouger encore dans les prochaines années ». En entrevue, l’artiste-peintre et illustrateur québécois met l’accent sur l’ambiance qui règne dans ce quartier, qui l’inspire en partie dans sa pratique artistique.
Félix Girard a exposé ses illustrations tant au Québec qu’en Europe. C’est pourtant à Limoilou qu’il a choisi d’installer son atelier. « La réception est encore meilleure ici, dans le quartier, qu’ailleurs. Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour avoir un bel accueil, disons », déclare-t-il. L’artiste ajoute qu’« en illustration-peinture, l’endroit où l’on vit a peut-être moins d’importance avec Internet ou les réseaux sociaux pour avoir des contrats ».
Limoilou, sujet d'art
Les réseaux sociaux ont par ailleurs contribué à faire connaître une de ses oeuvres : Limoiloup. Cette peinture numérique, qui représente un loup regardant l’incendie survenu le 15 janvier 2014 sur la 7e Rue, est une oeuvre en soutien aux sinistrés de l’incendie. L’artiste revient sur l’évènement : « Je n’avais plus d’électricité puis j’ai entendu des sirènes. Je connaissais bien la boutique de fourrure, même si je n’ai rien acheté là-bas ; je connaissais le loup empaillé dans la vitre. Il est un peu comme l’emblème du quartier ». Concernant l’idée du tableau, il raconte qu’elle lui est venue le lendemain. « Je voulais faire un petit dessin juste pour commémorer l’incident. Ça a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Beaucoup en parlaient, entre autres parce que le loup avait été sauvé ».
Lieu de convergence artistique
L’artiste parle d’un quartier en évolution qui, lui semble-t-il, va continuer à bouger. À Limoilou, « étant donné que c’est un quartier qu’il n’y a pas si longtemps était encore très pauvre et un peu mis de côté, on sent qu’ici on peut vraiment, qu’il y a de la place à la création. On peut un peu plus modeler le quartier à notre image », déclare Félix Girard.
En effet, il n’est pas le seul à avoir choisi ce quartier pour s’établir. Fred Jourdain, un autre illustrateur et bon ami de Félix Girard, réside également à Limoilou. Près de son atelier, sur la 5e Rue, se trouve Bloc 5, « un collectif d’artistes qui font plutôt dans la sculpture, où il y a des artistes d’une grande renommée. C’est leur atelier; ils travaillent ici », explique-t-il.
« On est des travailleurs autonomes sous un même toit; on partage les locaux et les outils », a expliqué au blogue Monlimoilou. com le sculpteur du Bloc 5, Jean-Robert Drouillard. « On n’a pas de cubicules; tout est ouvert complètement. Il y a toujours une mouvance, et on s’entraide ». Toujours sur la 5e Rue se trouvent Les Ateliers du Trois Cinquième, accompagnés de la Galerie-Boutique. Ils offrent aux céramistes de la relève un espace collectif de formation, de travail et de diffusion entièrement équipé pour une pratique professionnelle de la céramique d'art. Ces ateliers, fondés par les céramistes Amélie Proulx et Véronique Martel, se présentent comme un lieu d’échange où apprentis et professionnels sont invités à venir partager leur passion commune.
Félix Girard aborde également la présence de la boutique Article 721 devant laquelle le tout premier « stationnement pour piétons » a été installé à l’été 2014. Des banquettes, de la végétation et même un piano avaient été installés et mis à la disposition des habitants et des citoyens. Pour lui, il y a vraiment de la place à Limoilou pour ce genre d’installation publique à vocation artistique ainsi que pour une volonté de promouvoir les artistes d’ici.
Un art de vivre
« Il y a beaucoup de lieux publics intéressants. La rivière avec le parc linéaire fait vraiment une grosse différence dans le quartier : on peut y courir, y jouer de la pétanque durant les beaux jours », déclare Félix Girard. Il cite plusieurs restaurants, plusieurs places qu’il apprécie particulièrement, tels que La Souche, La folle fourchette, Le bal du Lézard, etc. « C’est ça qui est vraiment bien dans le coin, l’espèce de solidarité entre les gens, et pour ce genre d’initiative là, tout le monde est très ouvert », ajoute-t-il. « Les gens participent et on voit qu’il y a comme… qu’il y a des choses qu’il n’y a pas forcément dans les autres quartiers ».