Austère le silence !

Dominique Rousseau, L'Écho de Saint-François, Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, juin 2015

Austérité! C'est-y pas un beau mot ça! C'est-y pas un beau maux ça! C'est en perdre son latin. L'austérité ça sonne comme l'os hérité! L'austérité ça sonne comme l'os irrité! C'est en perdre son latin. L'os hérité est toujours de la faute de ceux qui ne sont plus au pouvoir. C'est un présent au présent par un passé avec des séquelles futures. L'os irrité n'a pas de viande autour pour du moins la plèbe. Il est usé à l'os.

L'austérité emprisonne le caractère de ce qui est austère c.-à-d. qui se montre sévère pour soi, retranche sur ses aises et ses plaisirs. Donc l'austérité admet par le fait même de son existence qu'il y a eu pour en arriver là, des aises et des plaisirs, des abus dans les gestes que plusieurs commettants considèrent comme véniels, mais qui sont mortels dans la réalité éprouvante de bien des gens. L'austérité c'est du calcul, c'est la somme des aberrations, des affres des safres.

Pour faire simple, on peut dire qu'une certaine hiérarchisation toujours bien intentionnée a expérimenté la quintessence du luxe et du plaisir avec le beurre, l'argent du beurre, la laiterie, le troupeau, etc. Et maintenant, le plus beau, c'est que vogue et vogue la galère sur les flots divagues qui oscillent entre le chaos et l'harmonie. Le bon peuple va se payer une belle croisière avec ceux, qui nous mènent en bateau sur l'océan de cette austérité infestée de requins, pour un voyage apocalyptique entre les vortex de plastique et le lessivage psychologique.

La cathédrale de la mer nous laisse un goût amer en dévoilant un immense bain tourbillon pour le repos bien mérité des amis bref un gros bouillon de légumes où l'on discute du fonctionnement de l'argent par et pour le citoyen corporatif financier. Son objectif demeure toujours le meilleur rendement. Et pour atteindre cette cupidité, on passe d'une monnaie à l'autre, de dollars en euros, d'euros en yens, de yens en livres, etc. D'une action à l'autre, d'une obligation à l'autre, d'un bon du trésor à l'autre dans le but non avoué de soustraire ces mouvements monétaires de la fiscalité nationale de chaque pays où elle transite pour finir son escapade dans un des nombreux paradis fiscaux qui jalonnent son parcours. N'est-ce pas de toute beauté! Pis, on nous parle d'austérité en voulant toujours frapper la classe moyenne ou pire encore, le plus petit sous le seuil de la pauvreté, qui ne peut pas se défendre. Pis on persécute le petit. Austère le silence !

Dans ce temps-là, les carencés, les dépossédés et les démunis sont toujours aux premières loges non déductibles d'impôts, pour assister à l'info-spectacle de la propagande sur les bienfaits de la rigueur budgétaire, sur les avantages de tenir mordicus à garder le cap sur l'équilibre budgétaire, en démontrant d'une manière exhaustive qu'un bon graissage pour le copinage a des vertus thérapeutiques sur la peur de perdre leurs acquis, qui peuvent avoir des provenances douteuses. Le raffiné traitement anti trouille permet de mieux dispenser une rétribution d'exception dans le système des paradoxes de l'intérêt corporatif. Au règne de la peur qui fait bien le bonheur du malheur. La peur c'est la vile créature de l'inconscience de la conscience. La peur c'est l'erreur, la peur c'est la souffrance, la peur c'est la peur de la peur et son mécanisme diabolique. Le paraître se nourrit de l'avoir en exacerbant la peur. La peur de la mort qui fait disparaître le paraître et les acquis de l'avoir.

La peur du manque se transforme en la peur du manque d'argent et de son pouvoir pour acquérir. C'est là que la destruction fait son œuvre. Le manque est une question d'amour et de conscience. La conscience de l'amour crée le partage, le lâcher prise. Le partage change les choses. Pis on persécute le petit. Austère le silence!

Un grand spécialiste de la misère noire et de la mendicité, Fred Austère, un grand danseur à claquettes qui, avec son âge avancé, s'est recyclé dans la claque sur l'aïeul pour vaincre la calamité. Il inventa la danse du bacon en se tortillant sur un des trottoirs du cartel pour quémander sa pitance aux biens nantis, qui s'achètent une bonne conscience en donnant pour un reçu d'impôt bien sûr et lui procurent un semblant de dignité dans une vie qui est une survie. Ceci lui fait dire dans sa tête des réflexions du genre masculin et féminin. Pourquoi c'est faire que le pouvoir a toujours le don de faire ce qu'il ne faut pas faire! Dans l'opposition, ils ont toutes les solutions pis au pouvoir ils ne savent plus quoi faire! Le sempiternel jour de la marmotte fermente ses mensonges pour endormir pendant que dans l'air, il flotte un odieux parfum diabolique. On a simplement à cogiter aux primes de rendement en situation de monopole, aux primes de départ pour les démissions fictives, aux pensions princières et pharaoniques qui sont indexées jusqu'à la mort et peut-être même plus. Et là, la taxe sur le capital des institutions financières n'est pas rétabli (800 millions/année). Bof !

C'est juste des nids-de-poule sur le pavé des bonnes intentions, comme les jolis contrats inconvenants et malhonnêtes, les pertes douteuses de la mémoire, les éventails de collisions de collusions, les amoncellements d'enveloppes brunes et les entourloupettes de ci et de ça. Pis on persécute le petit. Austère le silence !

Que dire de cette farouche volonté de vouloir nous faire avaler une couleuvre pétrolière. Sous le bruit de crécelle, de nombreux groupes écologistes tirent la sonnette d'alarme au sujet de l'ignoble serpent bitumineux, qui rampe de village en village en enjambant les rivières, en franchissant les pâturages, en traversant les champs de culture, en longeant les voisinages urbains, en s'acheminant avec les risques de défécation comme le tuyau d'une fosse septique remplit par la monarchie du pétrole, le duc de l'oléoduc, le roi des bas prix surtout pour les redevances pour circuler sur notre territoire. Cependant si seulement ce pipeline d'hydrocarbure existait pour l'émancipation de notre marché intérieur afin que tous et chacun déboursent vraiment moins à la pompe pour rouler sans se faire rouler. Ça servirait de levier pour stimuler notre économie! De toute façon, s'il y a catastrophes, qui ramassent toujours la facture? Pis on persécute le petit. Austère le silence!

Que dire de la grande stratégie électrique de la super vache à lait du gouvernement dans le gouvernement, de payer 11.2 cents le kilowatt éolien sur 25 ans alors qu'elle le vend près de 8.0 cents en moyenne. On voit ici le parfait exemple d'unecomposante de l'école buissonnière, sécher le cours de calcul. Pis on persécute le petit. Austère le silence!

Que dire de la conscience sociale de plusieurs compagnies qui est d'une élasticité proportionnelle à la cupidité déployée. Dans la recherche continue d'un profit juteux et exponentiel, on n'hésite pas à intimider notre terre, à bousculer notre seule et unique terre, notre irremplaçable terre. Notre pauvre petite terre est torturée vivante par les industries qui ratiboisent nos forêts, qui siphonnent la nappe phréatique, qui saccagent le territoire, qui exterminent. Il en germe les affres de l'existence, qui remémore une leçon de vie indissociable du devoir de mémoire de l'humain qui est une espèce en voie d'extinction. Pis on persécute le petit. Austère le silence!

Que dire de l'austérité dans sa bulle spéculative, qui fait que des fortunes changent de main; de la main gauche à la main droite ou de la main droite à la main gauche, de blanc bonnet à bonnet blanc, le riche de plus en plus riche et le pauvre de plus en plus pauvre. Pis on persécute le petit. Austère le silence !

Que dire de l'austérité qui manigance dans le suspense, dans l'art de faire durer le plaisir, un peu comme le bon cannibale qui donne au suivant, qui deviendra un être cher pour des raisons d'assaisonnements alimentaires. Les esclaves des enfers ont faim. La chair à canon c'est bien bon, mais rien ne remplace la délicate saveur qui rend bouche bée comme une bonne âme burger. Pis on persécute le petit. Austère le silence!

 

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