Julianne Pilon, L’Alliance, Preissac, mai 2015
Il y a 75 ans, le 29 avril 1940, les femmes obtenaient le droit de vote et d’éligibilité aux élections y compris les élections municipales. Beaucoup de chemin a été parcouru, mais les femmes sont loin d’avoir atteint l’égalité au niveau de la députation ou desconseils municipaux.
Ainsi dans la MRC Abitibi, une ville comme Amos n’a qu’une conseillère et dans une municipalité comme Preissac, il n’y a qu’une conseillère aussi. Mais une petite municipalité fait figure de village gaulois. En effet, dans la municipalité du canton de Trécesson, les femmes sont majoritaires au sein du conseil : une mairesse, quatre conseillères, deux conseillers. Comment cela se fait-il? Nous avons eu un entretien avec madame Anita Larochelle, mairesse de Trécesson.
Le jeu de la démocratie
Madame Larochelle n’a pas d’explication miracle mais elle avance deux hypothèses. « La population avait beaucoup d’insatisfactions à l’égard de certains membres de l’ancien conseil. Les candidates représentaient le changement et les gens leur ont fait confiance. La démocratie s’est exprimée ». dit-elle.
Un autre facteur a pu jouer, c’est la qualité de la préparation des candidates. Elles sont arrivées avec des projets intéressants. Elles se sont montrées préoccupées par le bien-être des citoyens et citoyennes et par la qualité de vie dans la municipalité. De l’aveu même de la mairesse, aucun effort spécial n’a été fait pour recruter des femmes. Ces dernières se sont présentées parce qu’elles voulaient faire la différence.
Quoi de neuf?
Madame Larochelle, qui en est à son troisième mandat, en avait déjà vu de toutes les couleurs. « J’ai une bonne équipe bien équilibrée où chacune et chacun fait son travail avec beaucoup de dévouement ». Elle ajoute en plaisantant: «Rassurez-vous, j’ai deux conseillers qui s’y connaissent très bien en voirie et en aqueduc et égout ».
Il y a des domaines où il n’y a pas de différence. Madame Larochelle cite l’exemple du développement économique de sa municipalité. Le projet de mine de nickel à Launay, municipalité tout près de Trécesson, pourrait changer des choses. Le conseil municipal a donc rencontré les autorités de Royal Nickel et a discuté des impacts possibles notamment au niveau du développement du logement et des services municipaux nécessaires. Les propriétaires de fermes et de grands terrains ont été sensibilisés aux opportunités.
Par contre dans d’autres secteurs, le fait d’avoir des conseillères fait une différence. « Par exemple, le souci de faire du développement dans le respect de l’environnement, dans une perspective de propreté et d’embellissement de la municipalité ».
Les femmes sont sensibles au sentiment d’appartenance à un endroit où il fait bon vivre. La mairesse donne l’exemple de deux projets : la restauration de la fontaine à La Ferme et le développement d’un circuit des fontaines et le projet de panneau écologique qui souligne la ligne de partage des eaux qui passe sous l’église du village. C’est une question de patrimoine.
Sans vouloir diminuer les hommes, les conseillères sont plus préoccupées par l’aspect social des politiques. Trécesson a une politique familiale. Madame Larochelle donne l’exemple de l’achat de couches réutilisables plus écologiques.
Sa municipalité est membre de Villes et villages en santé qui inspire son développement social. Une autre différence notable : le climat de travail. « Le vocabulaire est moins « rough », moins dur. Les femmes arrivent mieux préparées, leurs rapports et dossiers sont à date. Elles savent faire preuve de conciliation. » En conclusion, la mairesse de Trécesson estime que tous les conseils municipaux auraient intérêt à être plus égaux en termes de représentation homme/femme.