La grande promesse

Claude Leclerc, L’Itinéraire, Montréal, le 1er mai 2015

Près de 40 ans après l'entrée en vigueur du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), où en sommes-nous vraiment? Avons-nous réussi, au Québec, à bonifier le sort réservé aux plus démunis? Qu'est-ce que nos gouvernements ont réellement fait pour améliorer les conditions de vie des sansabri et des mal-logés? Malheureusement, selon l'avis de plusieurs experts et intervenants du milieu, pas grand-chose!

C'est en 1966 que l'Assemblée générale des Nations Unies adopte le PIDESC, mais ce n'est que le 3 janvier 1976 que ce pacte devient officiellement en vigueur. Parmi les 31 articles bien étoffés de ce pacte, l'article 11 retient tout particulièrement notre attention. Il déclare entre autres que « les États parties au présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un habillement et un logement suffisants, ainsi qu'à une amélioration constante de ses conditions d'existence».

Pourtant, quatre décennies plus tard, il suffit d'un regard un tant soit peu critique sur notre société pour se rendre compte que les choses n'ont pas réellement évolué dans le sens que nous l'aurions souhaité. L'importance du logement pour le bien-être humain et la survie est un principe universellement reconnu. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement Couillard, brandissant le spectre du déficit zéro, de sabrer 1500 logements sociaux, en les remplaçant par une aide visant essentiellement à soutenir les efforts du privé. Une preuve de plus de cette incapacité (ou volonté réelle ?) de mettre en place des programmes et des réformes viables qui amélioreraient de façon concrète le droit au logement et à la dignité.

Il est grand temps d'agir. Voilà pourquoi le FRAPRU organise le Camp pour le droit au logement, au centre-ville de Montréal, à partir du 21 mai prochain. D'une durée indéterminée, ce camp réunira une centaine de personnes, mal-logées, itinérantes ou militantes, qui occuperont un terrain bien en vue du cœur de Montréal. À l'instar de la trentaine de personnalités publiques qui ont accepté de soutenir les actions du FRAPPRU, nous vous invitons à témoigner publiquement de votre appui au maintien et au développement des logements sociaux sur tout le territoire du Québec. La qualité de vie de milliers de personnes dépend de l'attention que nous porterons tous à cette cause.

Manque de budget, absence de ressource! Le respect de la dignité humaine ne se traduit pas seulement par la possibilité de se loger dans un «logement adéquat». Une vie normalement saine passe aussi et, principalement, par la possibilité de combler ses besoins sociaux et de développer des relations humaines vraies et enrichissantes; un logement convenable est non seulement un droit, mais aussi un élément essentiel au développement social de tout individu. Mais avec un gros 616 $ par mois, est-il vraiment possible de pouvoir VIVRE ET ÉVOLUER SOCIALEMENT au Québec?

En vérité, et nous le savons tous très bien, une personne seule qui vit de l'aide sociale n'a même pas ce qu'il faut pour combler ses besoins de base. Et pourtant, la plupart de ces personnes démunies conservent leur dignité. Peut-on parler ici de résilience ou d'abandon? À preuve, ce court extrait d'une conversation entendue la semaine dernière à L'Itinéraire : Je ne suis pas millionnaire moi, comment veux-tu que je paye 261 $ par mois pour mon loyer? Mais j' lâche pas! J'ai un but bien précis dans la vie : mourir pauvre! Avec un salaire de 20 000 $ par année, on est considéré comme pauvre au Québec. Alors, je travaille fort pour y arriver…

 

 

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