Benoît Gaucher, Échos Montréal, Montréal, mai 2015
Depuis sa défaite à la Mairie de Montréal, Mélanie Joly n'est pas restée les bras croisés. Briguer l'investiture du Parti Libéral du Canada (PLC) à Ahunstic- Cartierville, telle est la mission dans laquel le cette dernière concentre aujourd’hui tous ces efforts pour mobiliser les électeurs à soutenir sa candidature.
À ceux qui pensent que la candidature à la Mairie de Montréal était un tremplin pour ses ambitions fédérales, madame Joly, en entrevue, parle de personnes qui "ne comprennent pas à quel point c'était risqué de créer un parti politique". L’'ex-candidate répond aussi que si c'était son but, elle serait "directement allé du point A au point B au lieu de prendre ce chemin plus long".
Le choix du PLC
Mélanie Joly parle d’un "processus décisionnel" pour "défendre les intérêts des Montréalais" qui la conduite à ce choix de rentrer au PLC. En effet, sa défaite l’empêchant d'exercer des fonctions politiques au niveau municipale à court et moyen terme, elle a décidé de rentrer dans les rangs de ce parti qui, selon elle, est celui se préoccupant le plus de l'essor des villes, de par entre autres l'ampleur des investissements proposés dans les infrastructures : "le PLC, c'est le parti des villes !".
De plus, ses études en droit international et sa profession d'avocate l'ont conscientisé sur l'importance de la notion des libertés individuelles. Son choix s’est aussi accentué de par le bilan du gouvernement conservateur en place depuis 9 ans et dont elle est "extrêmement déçue". Mélanie Joly reproche au gouvernement de passer d'une posture de maintien de la paix à une stratégie militaire offensive, de ne pas donner au Québec la place qu'il devrait avoir à Ottawa et d'avoir basé l'économie essentiellement sur les revenus du pétrole "au détriment de l'environnement".
La question des coupures dans la culture et la recherche
Concernant les investissements actuels faits dans la culture et la recherche, madame Joly les juges trop faibles et déplore les coupures du gouvernement au sein de ces deux sphères. C'est un gouvernement qui de façon proactive se concentre selon elle plus sur "l'idéologie que les faits". Cela aurait donc pour effet d'avoir des politiques publiques qui ne "répondent pas aux problématiques et à la réalité des citoyens". Citant pour exemple les pays scandinaves, qui ont fait une "modélisation basée sur les besoins de la population", Mélanie Joly avance que "nous avons la technologie pour avoir une politique basée sur les faits". Cette politique permettrait selon elle de mieux répondre aux besoins de la population en donnant un "service personnalisé" à la population.
Concernant la recherche, elle rajoute que toute société qui tend à évoluer doit "investir dans l'innovation. Et quand on coupe dans la recherche, on coupe dans l'innovation!". Les investissements dans la culture permettraient quant à eux "d’améliorer la qualité de vie des gens" et de "créer un tissu social fort" en plus de contribuer à l’essor économique du pays. "Monsieur Harper s’est assuré de bien contrôler des symboles qu'il considère comme conservateurs et qui le maintiennent au pouvoir", précise-t-elle, et le fait de couper dans la culture l'aiderait dans sa stratégie conservatrice. Pour justifier l'importance des investissements dans la culture, elle nous parle aussi de l'effet de réduction des inégalités sociaux-économiques : " les riches sont devenus plus riches et les pauvres sont devenus plus pauvres". Elle prend ainsi l'exemple des "artisans du monde culturel" qui d’ordinaire ont des revenus modestes.
Un parcours qui explique son engagement
La candidate d'Ahunstic-Cartierville relate son expérience lors de ses études de droit à Oxford qui l'ont conscientisé sur la qualité de la Charte des droits et libertés canadienne qui aurait été prise en exemple en Afrique du Sud post-apartheid ainsi que dans certains aspects du système judiciaire en Inde. Cette expérience à l'étranger lui a permis de se rendre compte à quel point elle était attachée à son pays, sa province et sa ville, Montréal. C'est ce déclic qui l'a décidé à s'impliquer au sein de la communauté montréalaise.
Beaucoup d'hommes politiques, ici ou à l'étranger, ont préalablement exercé le métier d'avocat. Madame Joly pense que cette fonction permet d'avoir une meilleure compréhension des lois et de la manière dont "fonctionne notre société au niveau de ses règles". Cela conscientise selon elle sur l'importance du monde politique, même si pour sa part, elle s'y intéresse depuis l'enfance, sa famille étant depuis longtemps très impliquée.