Stéfanie Trahan, Ensemble pour bâtir, Évain, avril 2015
Dans plusieurs journaux, nous retrouvons de plus en plus des chroniques d’humeur dans lesquelles le journaliste déverse sur ses pauvres lecteurs la moindre de ses humeurs. Il peut y aborder un point de vue personnel sur un sujet d’actualité, sur la politique, au sujet de l’environnement, sur les derniers restaurants, sur les émissions de télévision, sur la maternité… Bref, sur ce qui fait réagir le journaliste ou qui influence d’une quelconque façon son humeur du moment.
Cela me fait penser parfois aux sujets qu’on peut discuter entre collègues pendant nos pauses-café. Il y a des cafés qui sont agrémentés de conversations plus profondes que d’autres, mais bien des choses se partagent entre collègues en prenant nos petites 15 minutes bien méritées… C’est au sujet de ces liens qui se tissent entre collègues que j’ai envie de vous partager mon humeur.
Le travail occupe une grande partie de notre vie. Tout au long de nos occupations professionnelles, on fait des rencontres qui nous marquent pour différentes raisons. Des collègues qui deviennent au fil du temps des amis intimes, des collègues que nous côtoyons à tous les jours mais à qui nous n’adressons jamais plus qu’un simple bonjour.
Je me souviens avant que j’intègre le marché du travail, une personne dans ma famille m’avait confié avoir très peu d’amis dans sa vie. « Oui, mais tu dois pouvoir créer des liens à ton travail ? » Elle m’avait alors fait part que, pour elle, des collègues et des amis sont deux choses distinctes et qu’elle ne souhaitait aucunement partager plus qu’une pause-café avec ses collègues. J’avais trouvé cette affirmation triste.
Les liens d’amitié que j’ai maintenant avec quelques personnes se sont créés au travail, à l’école, dans mes occupations sociales… J’ai partagé beaucoup avec mes équipes de travail, des peines, des joies, des sentiments, des opinions. J’ai laissé, je crois, dans chacun des milieux où je suis passée, une petite parcelle de moi-même, autant dans les projets que je développais mais aussi auprès de mes collègues. Je suis une personne qui s’investit, cela fait partie de moi.
Il y a deux ans, j’ai perdu un collègue dans un accident. J’ai constaté qu’après son décès, son parcours parmi notre équipe avait laissé des traces, pas uniquement pour la qualité de son travail mais aussi et surtout pour nos nombreuses niaiseries partagées pendant les pauses, les dîners, les 5 à 7 et nos conversations plus sérieuses.
Je crois simplement que dans la vie, il faut être ouvert aux autres et que parfois, des rencontres deviennent significatives. Je ne sais pas pour vous, mais il y a des jours et des collègues avec qui je partage plus qu’une simple pause-café.