Une rencontre à honorer

Alexandra Guellil, L’Itinéraire, Montréal, le 15 avril 2015

Poète, romancier, nouvelliste et chanteur, Jonathan Harnois a animé les ateliers d'écriture. L'oeuvre finale, une pièce de théâtre intitulée Une toast au beurre de tonnerre, a été créée sur la base des textes écrits par les participants.

Ce n'est pas uniquement mon texte, mais aussi le leur. J'ai jonglé et créé un produit final grâce à leurs mots» raconte Jonathan Harnois. Marqué par le courage dont les participants ont fait preuve tout au long de l'aventure, l'écrivain originaire de Joliette avait pour mission de créer une pièce de théâtre inspirée de leurs textes élaborés lors des cinq ateliers d'écriture. «Ils ont accepté de ne pas aller dans le misérabilisme qu'il est possible d'avoir avec une thématique comme la générosité, raconte-t-il.

Accompagné par le metteur en scène Xavier Huard, Jonathan Harnois souhaitait que les membres de L'Itinéraire, qu'il rencontrait pour la première fois, se racontent à travers leurs textes. «J'ai été touché et surpris par cette façon qu'ils ont eue de se raconter. C'est un soulagement de sentir qu'on est relié aux autres par le désir d'être honnête. Tout au long de cette expérience, j'ai senti leur profonde envie de prendre la parole avec franchise et transparence.»

Un de ses défis a d'ailleurs été de créer un «climat humain» permettant aux camelots de se sentir libres d'écrire et de partager leurs vécus avec des thèmes particuliers comme celui du souvenir, le thème de la toute première rencontre.

 

Écarter la censure

 

Lors des ateliers de deux heures, l'objectif était de se sentir encadré dans la création tout en restant «libres dans la contrainte, comme le veut le principe d'écriture», se souvient Jonathan Harnois.

Les textes, inspirés de L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono, suivent des règles précises. Parmi elles, l'importance d'écarter la censure du processus de création. «Ils avaient 15 minutes en respectant les règles suivantes: pas de relecture, de rature et ne levez pas le crayon. Je leur disais: on y va pour la jugulaire c'està-dire que quand tu sens que tu es en train d'écrire, de sentir l'émotion, c'est le temps de plonger. Mon intérêt, c'était qu'ils parlent d'eux, qu'ils se sentent libres d'être francs et honnêtes», complète Jonathan.

L'un des souvenirs que garde Jonathan de ces partages est la réaction des camelots lorsque Xavier Huard a lu pour la première fois et à voix haute leurs textes. «C'est un de mes meilleurs souvenirs, sourit-il. C'était fort et intense d'entendre et de voir à quel point un texte écrit pouvait prendre vie lorsqu'il était interprété. Et, je crois que c'était aussi l'occasion pour eux de se rendre compte de l'importance de leur implication.»

À quelques semaines de la première représentation au Parc des Faubourgs prévue le 23 mai prochain, Jonathan Harnois partage son temps entre Montréal et la campagne où il puise une énergie créatrice loin du bruit de la ville.

Sur la table, quelques notes écrites dans un cahier visiblement usé par ses pensées, le jeune homme semble comblé par cette nouvelle expérience de partage. Avec humilité et réflexion, il finit par confier vouloir avant tout «honorer cette rencontre» avec les camelots qui ont su se livrer à lui en toute véracité.

 

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