Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, avril 2015
Avril quittera bientôt la mire du calendrier. Les dernières congères laissent quelques cernes grisâtres sur le sol. Les crocus éclaboussent de mauve, de jaune et de blanc les platebandes, bordant de dentelle les abords de nos demeures.
Après un hiver rigoureux, le plus froid depuis 115 ans selon les statistiques, le printemps tardif nous dépouille tranquillement de nos tuques et foulards. Ragaillardis ainsi, on pousse plus loin l’audace de la ballade.
À l’instar de plusieurs villageois, je marche, sillonne les rues et les rangs, traverse les parcs. Je guette avec émerveillement la vie qui s’affiche, les bourgeons qui éclatent, le gazon qui reverdit. Je m’étonne. En fait, je ne comprends pas! Tous les verres de café vides, les bouteilles d’eau, de bière et de vin, les détritus divers laissés en grande quantité le long des routes et des rues.
Je traverse les stationnements d’édifices commerciaux et découvre des mégots de cigarettes, vidés d’un cendrier d’auto. Je surveille mes pas de crainte de marcher dans les excréments de chien qui apparaissent en abondance le long des trottoirs, et dans les sentiers de nos parcs urbains, créés à la demande des Anselmois pour garantir des lieux sécuritaires aux bambins. Plus loin, un résident lave à grands jets d’eau chlorée son entrée asphaltée.
Je ne comprends pas qu’en 2015, après avoir entendu à maintes et maintes reprises les éveilleurs de conscience de toute discipline, que des gens osent toujours se débarrasser de leurs ordures dans la cour des autres. On trouve facilement dans les endroits publics des corbeilles placées à la disposition des gens. À défaut de contenant, pourquoi ne pas attendre le retour à la maison pour se départir des déchets?
Comment se surprendre que les océans accumulent des continents de plastique qui entravent la circulation maritime et provoquent la mort de milliers d’oiseaux et de poissons. On déplore de plus en plus au pied de l’Everest des amoncellements considérables de détritus, jetés là par des marcheurs à la recherche de zénitude.
Bien sûr, il y aura toujours des débris qui partiront au vent. Néanmoins, ne peut-on pas limiter les dégâts par une attitude plus respectueuse de l’environnement? Ne peut-on pas imaginer l’effet papillon de tous nos petits gestes de délinquance sur la planète entière? Que dire du temps, de l’énergie et de l’argent nécessaires pour assainir les lieux?
Nous sommes des milliards à peupler notre boule bleue. Elle nous nourrit, nous supporte, assure notre progression dans l’échelle du temps. Elle mérite bien nos soins. Bon ménage du printemps!