De la complicité amicale au bénévolat

Dureise Jean, Regards, Sherbrooke, avril 2015

Indubitablement, le bénévolat devient en ce IIIe millénaire un élément incontournable dans la quête d’humanisation d’une société axée sur l’individualisme, au détriment de la collectivité. Par la qualité évidente de ses bienfaits, comme par le souci de trouver des solutions adéquates pour satisfaire le besoin de l’autre, cet engagement associatif peut révéler l’humanisme qui dort dans chaque personne. C’est ce qu’on peut voir avec Thérèse Coderre, une aidante naturelle, qui a su mettre de côté toutes ses activités pour être entièrement au service de son amie de longue date, Johanne Richard.

Lors d’une entrevue avec Regards, Thérèse Coderre affirme que le fait de pouvoir aider Johanne dans ses différents déplacements est un moyen pour elle de concrétiser un rêve ardemment chéri. « Nous avons tous des rêves que nous souhaiterions réaliser. Le mien c’était de devenir infirmière pour pouvoir aider les autres. Malheureusement, je n’ai pas fait d’études suffisamment pour réaliser ce rêve. Mais en aidant Johanne dans ces rendez-vous médicaux, ma vie devient intéressante. », confie-t-elle avec amour.

Originaire de l’Assomption, elle n’en est pas à ses débuts dans le bénévolat à Sherbrooke. Elle s’est beaucoup impliquée dans des activités communautaires de son quartier depuis plus de quatre ans, notamment, à la soupe populaire et à l’école Larocque, où sa précieuse aide a touché bien des gens. « Ce qui me rend si contente, c’est de voir le sourire sur le visage des gens que j’accompagne.

C’est quelque chose qui n’a pas de prix. », souligne-t-elle. D’ailleurs, celleci a sa propre philosophie des gestes et du temps consacrés aux autres : « Je ne me suis jamais découragée en aidant les autres. Il n’y a pas de situation stressante en prêtant main forte. C’est un plaisir pour moi de pouvoir le faire… Aujourd’hui, j’aide Johanne pour ses soins médicaux. Demain, c’est peut être moi-même qui aurai besoin d’aide » Une sage attitude pour se rappeler que la vie a bien des revers et qu’il ne faut rien prendre pour acquis! « J’ai suivi Johanne partout depuis environ un an et je l’ai soutenue dans toutes les démarches médicales… C’est tout ce que je peux faire pour l’aider. », s’exclame-t elle avec entrain!

Pour sa part, Johanne Richard est immensément reconnaissante pour le soutien accordé par Thérèse Coderre à son endroit. « C’est beaucoup de stocks à traîner à chaque rendez-vous à la maison des greffés à Montréal. Je n’y arriverais jamais toute seule. Je n’ai pas le choix, j’ai besoin d’aide… Et Thérèse est comme une femme à tout faire pour moi. », explique-t-elle, tout en confirmant qu’il y a une belle complicité entre elle et Thérèse Coderre. Leur complicité ne fait que du bien à Johanne Richard : « À Sherbrooke, il est très difficile de trouver des bénévoles pour t’aider à l’extérieur de la région… Mais Thérèse qui est mon amie depuis 40 ans s’est volontairement proposée de m’aider…Quand le temps nous permet, nous faisons du tricot ensemble, nous allons au parc, nous jasons et nous nous tenons prêtes au cas où on m’appellerait pour la greffe de mes poumons. », déclare-t-elle.

Il va sans dire que les deux femmes partagent ensembles, et au même rythme, émotions, joies et loisirs… Si Johanne Richard garde un très bon espoir pour sa santé, en étant en 3e position sur une liste d’attente d’une greffe des poumons, la situation n’a pas toujours été facile pour elle au cours de ces 13 dernières années, où elle a su qu’elle était atteinte d’un cancer. « J’étais une personne très active… Je faisais du patinage et plein d’autres activités.

Avec cette maladie, j’ai dû m’organiser autrement pour m’adapter… J’ai dû aussi affronter le regard des gens qui m’observaient bizarrement dans les rues avec ma bonbonne d’oxygène. Il y en a qui n’hésitaient pas à sacrer en me voyant avec mon stock. Mais, je ne me suis pas laissée intimider… », soutient cette femme de caractère. Johanne Richard, qui estime qu’on doit éduquer les gens par rapport à la problématique des personnes malades utilisant du matériel d’oxygène dans les lieux publics, encourage fortement le bénévolat indiquant que cela fait beaucoup de bien aux personnes qui reçoivent l’aide des bénévoles. « Cela fait du bien, sachant qu’on a quelqu’un qui est prêt à nous aider. Cela peut éviter beaucoup de choses, particulièrement la détresse psychologique. Toutefois, il ne faut pas que cela soit un fardeau pour la personne qui le fait. », précise-t-elle. Opinion partagée par Thérèse Coderre, qui avance qu’il y a différentes façons de faire du bénévolat, et celui-ci doit être du don de soi et non une croix!

 

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