Ces fleurs sauvages qui annoncent le printemps

Patrick De Bortoli,
Journaldesvoisins.com
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Montréal, avril 2015

N’est-elle pas étonnante, la nature? Avouez qu’après l’hiver que nous avons connu, on n’y croyait plus trop, au printemps. Ce froid arctique qui a caractérisé notre hiver, et qui a mordu à pleines dents dans nos joues et nos doigts, a aussi muselé de discrétion nos sols et la végétation de nos cours, nos forêts et nos champs.

Soudainement, presque à notre insu, le soleil s’est mis à briller quelques instants de plus, chaque jour, comme programmé par le flot du temps, chatouillant d’espoir la nature encore pétrifiée de froid. En avril, semblable à notre humaine ferveur, la nature perce invariablement les dernières couches de neige et revêt alors peu à peu les indices de vie qui nous sont plus familiers. Dans nos aménagements ornementaux, on voit poindre les premières taches de lumière sur les pétales de crocus (Crocus) qui poussent ici et là, comme égarés d’excitation. Les perce-neige (Galanthus nivalis), comme leur nom l’indique, sont de ces premières domestiquées qui se lèvent de leur long sommeil et s’inclinent sobrement, devant le printemps. Les narcisses (Narcissus), comme des micro-soleils, viennent éclairer cet humble spectacle.

 

Les grandes négligées

 

Mais à quel point prêtons-nous réellement attention à cet éveil de Dame Nature? Ne sommes-nous obnubilés que par ces jolis végétaux marqués de la main de l’humain? Certes, ils sont spectaculaires et font du bien, j’en conviens, mais, cette saison, je vous invite à voir plus loin, dans les détails de la vie, et à porter votre regard vers les grandes négligées du printemps : les fleurs sauvages de nos environnements urbains et périurbains. Elles seront les premières à baptiser de diversité nos pelouses, les craques des pavés, les sous-sols des bosquets de quartier, les terrains abandonnés et les bords de route. Je vous en présente ici quelques-unes qui vous aideront peut-être à jeter un second coup d’œil, ce printemps.

 

Tussalage pas-d’âne (Tussilago farfara). Prêtez bien attention, ce n’est pas un pissenlit. Issue de tiges souterraines, le tussilage est une espèce vivace qui sort tôt au printemps. De la même famille que la marguerite (astéracées), elle est ornée d’un capitule de fleurs jaune or et sa tige sans feuille, munie d’écailles, est plus massive que celle du pissenlit et est recouverte de petits poils blancs. Ses feuilles sortent après les pousses florales.

 

Singulière, elle vaut la peine qu’on s’y attarde.

 

Sanguinaire du Canada (Sanguinaria canadensis). L’une des plantes indigènes les plus remarquables de nos bois québécois, selon le frère Marie-Victorin! De la famille des papavéracées (pavot), elle se distingue, entre autres, par la forme particulière de sa feuille solitaire (rein). Sa fleur blanche ne s’ouvre qu’au bon matin pour se refermer le soir venu. Elle tient son nom de la couleur de son latex : rouge! On la trouve souvent en compagnie de trilles (Trillium spp) et de claytonies (Claytonia caroliniana). Lierre terrestre (Glechoma hederacea).

Véritable perle de beauté, le lierre terrestre est une plante herbacée vivace de la même famille que la menthe (lamiacées). Elle est donc très envahissante, alors prenez le temps de l’apprécier sur la pelouse du voisin! Sa tige carrée et la forme de ses fleurs (labiées) sont caractéristiques aussi de la famille. Elle est munie de deux tiges distinctes, l’une florifère, l’autre, non. Ses fleurs minuscules qui poussent à l’aisselle de feuilles (qui, elles, sont en forme de cœur) sont un petit bijou de la nature quand on les regarde de près!

Voilà! J’espère que vous apprendrez à apprécier, comme moi, ces plantes qui sont les premières à se montrer au printemps. J’espère aussi que vous les verrez d’un regard nouveau, et, surtout, de plus près, pour découvrir toute la diversité et la beauté qu’elles nous offrent. Bon printemps!

 

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