Plan de conservation: les consensus

Sylvain Delisle, Autour de l’île, Île d’Orléans, mars 2015

Le 24 février dernier se tenaient les consultations publiques concernant le plan de conservation du site patrimonial de L’Île-d’Orléans. Les intervenants furent nombreux à demander la parole, si nombreux que cette popularité obligea les organisateurs à tenir une séance supplémentaire en après-midi. À la suite de celles-ci, le Conseil du patrimoine culturel Québec formulera ses recommandations à la ministre de la Culture et des Communications, madame Hélène David. Ce premier texte présente les éléments qui, sans faire l’unanimité, jouirent d’un appui général.

 

Privilégier pour mieux exiger

 

Nombreux furent les citoyens à dénoncer les formulations privilégier et favoriser utilisées dans le plan de conservation. Ils jugent en effet que celles-ci sont non conformes à la réalité. Pierre Lahoud fut le premier à les dénigrer: «Favoriser et privilégier, je peux-tu vous dire que je suis tanné de lire ça […] parce que le ministère impose plus qu’il ne favorise.» S’il était le premier à les mentionner, c’est jusqu’à la toute fin, lors de l’intervention de Noémie Labbé, que la critique continua: «Le projet de plan de conservation qui nous a été présenté récemment m’apparaît davantage un condensé de vœux rédigés par des fonctionnaires qui sont bien habiles avec des formules idéalistes. […] Force est de constater que de nombreuses mesures «favorisées ou privilégiées» par le ministère de la Culture et des Communications sont déjà exigées, et ce, peu importe la capacité de payer des demandeurs de permis.

 

Matériaux de remplacement

 

Outre la lourdeur administrative liée à l’obtention d’un permis, le sujet des matériaux de remplacement est certainement l’irritant ayant établi le plus grand consensus lors de cette consultation. Si le plan de conservation demande de «privilégier les matériaux de couvrement traditionnels» lors, entre autres, de la réfection de toitures, plusieurs ont dénoncé l’interprétation restrictive qui est faite de cette orientation. Même certains défenseurs du patrimoine n’hésitèrent pas à demander un assouplissement. Ainsi, Claire Pageau, représentante des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec, mentionna: «Il faut avoir une vue d’ensemble du patrimoine lui-même et un bardeau d’asphalte, occasionnellement, ça répond mieux au besoin que de laisser l’eau couler à l’intérieur.»

 

Question d’argent

 

Personne n’étant contre la vertu, tout au long des séances la question de l’argent revint souvent, identifiée comme un frein à la protection du patrimoine. Et les mises en garde furent nombreuses quant à un plan de conservation qui irait au-delà de la capacité de payer des résidents. Marco Langlois, directeur général de la municipalité de Saint-François, dressa d’ailleurs un tableau de la diversité économique de l’île d’Orléans: «Sur ce même territoire de l’île d’Orléans, on a le revenu familial moyen parmi les plus faibles de la région de Capitale-Nationale, à Saint-François, et parmi les plus élevés avec nos amis de Sainte-Pétronille. […]On ne peut pas traiter tout ce monde-là de la même façon.» Au-delà des différences de revenus, François Blouin, président de l’UPA de l’Île d’Orléans, émit une mise en garde générale: «Qui va être capable de se payer la perfection dans la construction et la rénovation? »

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