Sandrine Dussart,
Journaldesvoisins.com,
Montréal, avril 2015
Il y a dans les yeux de Germaine Vigneault beaucoup de force et de détermination, reflets témoins d’une vie intense et haute en couleurs. Originaire de Sainte-Sophie-de- Mégantic, Germaine Vigneault grandit au sein d’une famille heureuse, entourée de sept sœurs.
Le décès de sa maman viendra brutalement changer le cours de son existence. « J’avais douze ans et j’étais révoltée contre la vie! », raconte Germaine. Devenue pensionnaire chez les Ursulines, elle voit désormais son père une fois par année, à travers les grilles du parloir.
À seize ans, elle termine ses études, mais doit attendre sa majorité avant d’obtenir son diplôme. Entre-temps, elle enseigne à l’école de son village. « J’avais des élèves de mon âge, je dormais sur place et il faisait froid, mais j’étais très appréciée! », évoque-t-elle.
Elle obtient ensuite un poste de professeur à Valleyfield, puis à Saint-Laurent. Chemin faisant, elle se marie, s’installe à Montréal et… devient maman à son tour.
Une battante
À 39 ans, Germaine Vigneault a la douleur de perdre son mari. « Il est parti le matin, et n’est jamais revenu. Il a eu un accident de voiture », dit-elle. Avec trois enfants sous son aile, Germaine ne peut se laisser abattre. Pour améliorer son sort, elle s’inscrit au BACC en enseignement. « Durant huit ans, je donnais mes cours, je revenais m’occuper des petits et je repartais étudier. Je ne sais pas comment j’ai fait pour passer à travers », confie-t-elle.
Germaine a été tellement occupée qu’elle n’a pas vu le temps passer. Et lorsque l’heure de la retraite a sonné, elle ne pensait qu’à une chose : retrouver du travail! Embauchée comme vendeuse, Germaine s’est vite aperçue que les jeunes lui manquaient. Elle a alors commencé à faire du gardiennage et de l’aide aux devoirs… Elle n’a jamais arrêté!
« Je m’attache aux enfants que je garde », constate-t-elle. « Lorsque je vais les chercher à la sortie de l’école, je me stationne 1 km plus loin, pour profiter de la promenade! » Depuis sept ans, le quotidien de Germaine s’est enrichi d’une présence rafraîchissante : celle de sa petite-fille. « Comme elle habite à Blainville et qu’elle étudie à Montréal, elle passe la semaine chez moi. D’ici peu, ce sera au tour de sa soeur! », explique la grand-maman, ravie.
Une forme resplendissante
Germaine Vigneault porte ses 83 printemps avec une légèreté extraordinaire. Résidante du quartier Saint-Sulpice, elle va s’entraîner à pied au Centre Claude-Robillard, où elle alterne les exercices cardiovasculaires et la musculation. En véritable sportive, elle surveille son alimentation de près! À son dynamisme, Germaine allie une curiosité intellectuelle insatiable. Mordue de lecture, elle est sans cesse à l’affût des nouveautés.
Scrabble et mots croisés font également partie de ses passetemps, sans oublier les réseaux sociaux! Si elle apprécie le cinéma et le théâtre, son cœur vibre pour l’atmosphère du marché Jean-Talon, qu’elle aime fréquenter durant la belle saison.
La clé du bonheur
Traverser la vie et ses obstacles en gardant le cap sur le meilleur de soi-même est parfois tout un défi. Il y a vingt ans, Germaine Vigneault s’est laissé inspirer par la philosophie bouddhiste. Depuis, elle constate qu’elle s’est « embellie intérieurement. » Disciplinée, elle médite tous les jours. « C’est mon train du matin, affirme-t-elle. Il m’aide à rester calme et à lâcher prise. »
La route de Germaine semble s’ouvrir au large… Celle qui souhaite continuer à s’instruire et à voyager se baladera bientôt à travers la Belle Province, avant d’aller rejoindre son fils à Paris. « De là, on partira à l’aventure! », s’exclame-t-elle.
Certains parents laissent un trésor inestimable à leurs enfants. Germaine Vigneault se rappelle son enfance : « On a été éduqués dans le partage. Les grands se sacrifiaient pour que les jeunes puissent étudier. On n’avait rien, mais on avait tout. » Allez de l’avant, c’est aussi savoir d’où l’on vient.