Hélène Maillé, Journaldesvoisins.com, Montréal, avril 2015
Rares sont les parents qui connaissent réellement la personne à la tête de l’école de leurs enfants. Les seuls contacts que certains ont avec la direction se résument souvent à un appel pour signifier l’absence de leur enfant. Directrice de l’école Saint-Benoît, sise dans Ahuntsic Ouest, Isabelle Côté nous décrit comment elle en est venue à prendre les rênes de l’institution et nous explique les rudiments du métier.
Lavalloise de résidence, mais Montréalaise de naissance et de coeur, Isabelle Côté a commencé sa carrière comme professeur dans une école spécialisée en déficience intellectuelle, où elle a accompagné les jeunes durant 16 ans.
À la recherche de nouveaux défis et amoureuse de la vie dans les écoles, elle est devenue, en 2011, la directrice de l’école Saint-Benoît, et ne prévoit pas céder son poste de sitôt. « Je ne sais pas de quoi l’avenir est fait, mais je souhaite rester encore. Je n’ai pas l’impression d’avoir terminé d’apporter ma contribution à l’école, même s’il ne me reste que quelques années. »
Pas de routine!
Il est difficile de décrire à quoi ressemble la journée typique d’une directrice d’école, puisque la routine n’existe tout simplement pas! « Chaque jour, je me lève et je ne sais pas ce qui m’attend. Un professeur peut être absent; il peut y avoir un problème du côté du budget ou de l’administration, comme en ce qui a trait au déneigement de la cour d’école; parfois, c’est un élève qui vit une problématique. On essaie de voir et de vérifier chaque détail et c’est ce que j’aime de la profession : ce n’est jamais redondant. Je n’ai pas l’impression de vivre une routine, mais, surtout, je dois toujours être dans l’action. Et de l’action, il y en a! »
En effet, les dossiers sur son bureau ne concernent pas seulement les élèves et leurs parents, mais aussi les membres du personnel. Isabelle Côté a un rôle de soutien auprès de son équipe, en particulier lorsque les enseignants vivent des difficultés avec certains élèves dans leurs classes.
Le plus réjouissant
C’est le travail d’équipe qui la motive. « Travailler ensemble pour faire en sorte que chaque élève se développe à son plein potentiel, mettre en place de beaux projets, travailler avec les parents et sentir que les enfants vivent des réussites, c’est ce qu’il y a de plus réjouissant dans ma profession. »
Toutefois, le métier de directrice n’est pas toujours rose et comporte aussi ses moins bons côtés. L’école Saint-Benoît est considérée comme une école en milieu défavorisé avec une clientèle essentiellement allophone. Par conséquent, l’institution n’a pas toujours les moyens de faire face à certaines problématiques. La profession exige donc beaucoup de créativité pour surmonter les obstacles et trouver les meilleures solutions, avec les possibilités qui s’offrent à l’école. Souvent, la direction a la solution, mais elle ne peut pas la mettre en place, pour des raisons financières ou autres. Et il ne faut pas oublier la « tonne de paperasse », souligne-t-elle, un sourire en coin.
Priorisant le lien parent-école, Isabelle Côté dit être toujours disponible pour prêter une oreille attentive aux parents aux prises avec des difficultés. On lui reconnaît d’ailleurs l’importance qu’elle accorde à cet aspect de la vie scolaire. Sa plus grande fierté reste d’avoir redoré, avec son équipe, la réputation de l’école dans le quartier. L’opinion des résidants a beaucoup changé envers l’établissement.
Une place pour chacun
Isabelle Côté ne s’approprie toutefois pas cette évolution, mais l’attribue plutôt à son équipe, à la qualité de l’enseignement et aux parents du quartier qui ont foi en ce milieu scolaire. L’école a pour mission d’aider les enfants à s’intégrer dans le quartier et son slogan est : « Chacun y trouve sa place ».
Des projets artistiques, culturels, sportifs et autres ont ainsi été mis en place pour favoriser la participation de chacun dans le milieu scolaire, en plus de leur permettre de se découvrir des talents et des passions.
Mère de famille, Isabelle Côté est toujours en mouvement entre ses propres passe-temps, que ce soit le vélo, les voyages ou la lecture, et la vie occupée qui est la sienne comme mère de trois enfants qui pratiquent beaucoup d’activités sportives. D’ailleurs, si elle ne veut pas quitter son poste, c’est parce qu’elle considère l’école comme sa deuxième famille. « C’est un très beau milieu et je serais fière que mes enfants fréquentent cette école ». Elle est consciente qu’elle ne sera pas assise éternellement derrière son bureau de directrice, mais elle affirme que ce sera un véritable deuil que de quitter l’équipe.