Caroline Nadeau en quatuor, une belle découverte

Gisèle Bart, Le Journal des citoyens, Prévost, le 19 mars 2015

Une belle soirée avec le quatuor de Caroline Nadeau ce samedi 7 février à Prévost. Au menu, une Caroline Nadeau, éminemment musicienne à la voix riche et berçante – un répertoire de chansons francophones jazzées, ni trop galvaudées ni complètement inconnues – des musiciens de haut calibre, le pianiste John Sadowi, le contrebassiste Karl Surprenant et le batteur Rich Irwin. Caroline fit son entrée sur la scène, précédée par la musique de C’est dans les chansons de Jean Lapointe et Marcel Lefebvre. Bien articulée, elle nous fit redécouvrir des textes magnifiques de Lelièvre, Séguin, Legrand, Lavoie, Desjardins, Barouh, Goldman et Bélanger.

D’autres chansons, quelques classiques, étaient plutôt prétextes à jazzer, à scatter, à jongler avec les mots et les rimes comme Le tapis volant de Mimi Perrin. Caroline chanta aussi deux jolies chansons musicalement assez complexes composées pour elle par des amis.

La voix bien placée de Caroline est juste et, chose rare, aussi belle dans les hautes que dans les graves. Sachant respirer, ses finales sont remarquables de perfection malgré la difficulté des pièces. Au départ flûtiste de formation classique, elle joua très joliment de cet instrument pour l’intro de La chanson pour durer toujours de Richard Séguin. Nous avons fait le plein de très beaux textes entre autres Et demain, que feras-tu de ta vie ? de Michel Legrand. Nous avons vécu des émotions intenses avec Vole de J. J. Goldman et Chanson pour durer toujours de R. Séguin. Nous avons bénéficié d’un morceau de bravoure, Lucky, Lucky de R. Desjardins, arrangé par Karl Surprenant, notes ad lib du piano, presque gouttes d’eau, insistance de la contrebasse, intrusion des cymbales, puis la voix de Caroline : «… le velours de tes bras, le coton de tes draps // Lucky, lucky d’en arriver là!… ». Ce fut somme toute une belle soirée de jazz où l’on écoute parfois moins les paroles que leur musicalité et dans laquelle Caroline formait un parfait amalgame avec des musiciens chevronnés.

Cependant, peut-être y eut-il trop de « trops ». «Trop» de gestes voulant tout nous démontrer, phrasé « trop» carré, j’oserais même dire « trop» d’articulation parfois, ce qui entravait souvent l’émotion. En outre, Caroline pourrait sans crainte assumer sa propre langue laquelle est personnelle et agréable en soi. « Joualer » autant Fabienne Thibault ainsi que Doodlin sonnait faux dans sa bouche. Pour ce qui est de faire rimer « escalier » avec « toé », il faut être un Desjardins pour que ça passe la rampe et « toi » pourrait rimer avec «moi » ce qui ne change pas le texte.

Eh oui, Caroline ! Déplacés pour vous découvrir, ce fut une belle découverte ! Quant à ceux qui ont quitté avant la fin, mettons cela sur le compte de « la libre expression de n’importe quoi, n’importe comment » brandis à tout-va en ce moment.

 

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