Marie-Josée Gamache, Le Trident de Wotton, mars 2015
Il n’y a pas si longtemps, une génération ou deux, chaque village avait son curé, son notaire et son médecin; un médecin de famille qui connaissait tout le monde et qui savait traiter les petits et grands maux selon les connaissances de l’époque. Il faisait des visites à domicile et se rendait la nuit chez l’habitant quand l’habitante accouchait. Il participait à la vie communautaire et tardait parfois à se faire payer par les plus pauvres.
C’était avant l’assurance maladie qui a rendu les soins médicaux gratuits pour tous les citoyens. Les médecins sont maintenant, pour la plupart, payés à l’acte par le Ministère de la Santé. Les C.L.S.C., Centres locaux de services communautaires, devaient à l’origine offrir des services médicaux. Ce fut le cas à Sherbrooke, entre autres. Mais plusieurs C.L.S.C. n’offrent toujours pas de clinique médicale et il est impossible d’y consulter un médecin. On peut s’inscrire sur une très longue liste d’attente pour les patients orphelins, à la recherche d’un médecin de famille.
Dans les grands centres urbains, plusieurs médecins se sont regroupés et se relaient pour offrir aux citoyens des cliniques médicales avec ou sans rendezvous. Dans les petites villes et villages, même pas éloignés, il s’avère impossible d’avoir les services d’un médecin. Quand on est malade, il faut se rendre à l’hôpital, déjà engorgé, et attendre des heures en compagnie de d’autres patients, s’exposant ainsi à leurs virus et microbes. En étudiant les articles de journaux publiés dernièrement sur la réforme du réseau de la santé, en cette période d’austérité, j’ai constaté que la situation est fort complexe.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le manque de médecin de famille. D’abord, il y aurait moins d’étudiants qui choisissent de se diriger en médecine familiale plutôt que dans d’autres spécialités. Est-ce que la médecine familiale est moins payante, moins intéressante?
Certains blâment l’arrivée des femmes en médecine; elles seraient moins performantes car elles consacrent plus de temps à leur famille. D’autres blâment les AMP (activités médicales particulières), ces heures obligatoires en établissement que doivent effectuer les médecins et qui leur enlèvent du temps pour leurs patients. Dans les petites agglomérations, l’achalandage serait insuffisant pour assurer au médecin un revenu comparable à ses collègues de la ville.
Comment faire pour avoir un médecin de famille près de chez-nous, à Wotton? Faut-il jouer à la petite ou grande séduction pour attirer un ou une médecin de famille dans notre belle municipalité. On lui trouvera une jolie maison; il y en a à vendre. On trouvera une garderie pour ses enfants et une femme de ménage. On l’invitera aux nombreuses activités sociales organisées à Wotton. Faut-il se regrouper avec d’autres villages comme St-Adrien et St-Camille pour installer une clinique médicale et aider un médecin à s’établir. Peut-on rêver d’une petite clinique avec une infirmière pour s’occuper des problèmes mineurs et seconder le médecin de famille?
Le ministre de la santé promet un médecin pour chaque famille, mais à voir aller les choses, nous sommes encore loin du but. En attendant, on espère de ne pas être malade. Sur ce, laissez-moi vous souhaiter une bonne santé à tous.