Démodés les caveaux à légumes?

Jacqueline Guimont, Autour de l’île, L'Île d’Orléans, février 2015

Ils sont communément appelés «La cave de dehors». Quelle belle expression pour décrire les caveaux à légumes! Il est évident que les savoir-faire européens ne convenaient pas toujours à notre climat. Les premiers Européens à s’installer ici remarquèrent que les Amérindiennes enterraient les aliments afin de mieux les conserver. «Ce sont de grands trous en terre, de quatre à cinq pieds de profondeur, nattés en dedans avec des écorces, et couvert de terre par-dessus.»

Par cette façon de procéder, en hiver, le gel n’atteignait pas les aliments et la neige offrait un isolant naturel. Après 200 ans d’expérimentation, ce n’est qu’au 19e siècle que l’on s’approprie les techniques de conservation. Plusieurs maisons étaient construites sur terre battue et n’avaient pas de cave. Le caveau à légumes a donc remplacé la cave. L’entreposage des légumes se faisait à compter de l’automne et jusqu’au printemps, fournissant ainsi la nourriture, l’hiver venu.

L’emplacement du caveau à légumes était choisi avec précaution et près de la maison. On utilisait un terrain accidenté, bien souvent une butte déjà en place : sa construction pouvait être en maçonnerie de pierres ou en bois. De l’extérieur, son toit apparaissait sous forme de voûte ou de pignon. «Il arrive qu’on renforce la maçonnerie avec du béton, à partir de 1920. Aussi, ces caveaux sont généralement mieux conservés que les modèles qui utilisent des pieux de cèdre pour bâtir le toit. Le plancher du caveau à légumes était en terre battue.

À l’intérieur, c’est l’obscurité totale et il est important que l’air circule afin d’éviter l’humidité. On emmagasinait plusieurs variétés de légumes : pommes de terre, carottes, panais, choux, betteraves et navets de même que certains fruits déposés en barils et des conserves. La plupart des légumes étaient déposés dans des cageots en bois. Il arrivait qu’on enterre certains légumes comme les carottes, la terre servant de couche isolante, et on suspendait les choux.

Durant l’été, le caveau avait besoin d’être aéré et nettoyé. Sur la Côte-de-Beaupré il reste encore plusieurs caveaux à légumes dont certains sont encore visibles à l’œil nu. À l’île d’Orléans, il n’en reste que quelques-uns.

 

Les caveaux reviennent à la mode

 

Démodé les caveaux à légumes? Détrompez-vous! Ils reviennent à la mode. D’où vient cet engouement? Nous remarquons une recrudescence des potagers : de plus de plus de gens se préoccupent de leur santé et veulent consommer des légumes sains. Une autre bonne raison est que nous pouvons nous procurer une grande quantité d’aliments auprès des producteurs. Il devient donc utile d’entreposer les aliments dans un endroit frais garantissant les nutriments nécessaires à notre santé. Tout comme les caveaux d’autrefois, ils sont frais en été et l’hiver, ils protègent les légumes des grands froids permettant ainsi une économie d’énergie non négligeable.

Claudia Lorenz-Ladener a étudié en architecture et a écrit un livre intitulé Construire une cave naturelle. Construction et aménagement d’espaces pour la conservation des fruits et des légumes. Elle explique étape par étape, photos à l’appui, la construction d’une cave naturelle. Elle nous apprend comment monter un silo de jardin, construire une cave naturelle sous un atelier, un garage ou une terrasse. Un projet original pour le retour de la saison estivale.

 

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