Charles Caouette : Entre éducation et vieillesse alternatives

Christiane Dupont,
Journaldesvoisins.com,
Montréal, février 2015

Cofondateur de l’école alternative Jonathan, à Ville Saint-Laurent, cet Ahuntsicois d’adoption travaille au projet « Les vieillesses alternatives ». Rencontre avec un passionné de psychologie et d’éducation, mais aussi un universitaire à la retraite qui est resté les pieds bien accrochés sur terre.

Si vous rencontrez Charles Caouette sur la rue, se baladant dans le quartier, il y a de fortes chances qu’il chantonne « Le temps des cerises » ou qu’il récite un texte. D’abord, pour exercer sa mémoire, il se remémore chansons ou textes qu’il répète chemin faisant; puis pour conjurer l’arthrose qui lui joue parfois des tours, il enfile dans les mains des élastiques et essaie de les agrandir.  D’un âge vénérable, ce père de quatre enfants sait que la vieillesse peut laisser des traces : marches et exercices ont pour but de l’aider à passer au travers sans trop de dommages.

 

De bons souvenirs

 

Natif de Thedford Mines, Charles Caouette est devenu pensionnaire à l’âge de 8 ans, à Québec. « Mon père n’était pas très en santé et c’est pour cette raison qu’on nous a mis pensionnaire ». De ses années d’études, il a de bons souvenirs, notamment du collège classique, à Sainte-Anne-de- la-Pocatière. Un des pères qui lui enseignait était drôle et faisait rire les élèves, parfois sans savoir pourquoi… « Une fois, il nous a dit : "Toutes les fois que j’ouvre la bouche, y’a un imbécile qui parle!".»

Professeur honoraire du département de psychologie de l’Université de Montréal, Charles Caouette a fondé l’option Psychologie de l’éducation en 1968 et y a enseigné jusqu’à sa retraite en 1998. « Je critiquais la formation des psychologues des écoles qui ne savaient pas nécessairement quoi faire avec des résultats de tests de quotient intellectuel. « Je fais quoi avec un test de 89? », demandait-on, cite-til en exemple. Alors, l’Université de Montréal lui a dit : « Viens le créer, le cours! », ce qu’il a fait et il y est resté 30 ans.

Parallèlement, Charles Caouette a fondé l’école Jonathan, la pionnière des écoles alternatives au Québec, que ses enfants ont fréquentées. « C’était un projettrès audacieux », dit-il. Comme il se plaît à le dire, l’école alternative est une école où les enfants peuvent bouger et apprennent à le faire sans déranger. « Une école où le Ritalin n’est pas nécessaire dit-il. La médication est dangereuse, poursuit le professeur Caouette, car c’est pour traiter des problèmes neurologiques. Ce n’est pas parce qu’un enfant bouge ou qu’il a besoin de s’isoler parfois qu’il a des problèmes que l’on doit traiter avec du Ritalin. L’école doit être un milieu de santé. »

 

Sur la planète

 

Amateur de lectures, Charles Caouette a publié articles et ouvrages collectifs. Il a été conférencier un peu partout sur la planète. Au Québec, il est surtout connu pour ses travaux et ses prises de position sur l’éducation en milieu défavorisé, les décrocheurs, la prévention, la relation éducative et, évidemment, tout le mouvement alternatif en éducation. En septembre 2001, il fondait l’école Le Vitrail, la première école secondaire alternative de la CSDM.

Bien qu’il ait continué, depuis sa retraite, à travailler dans le domaine de l’éducation alternative et communautaire, d’autres sujets ont retenu son attention, dont l’éducation à la citoyenneté mondiale et la vieillesse alternative.

 

Prévenir pour mieux vieillir

 

Sur ce dernier sujet, celui qui est aussi grand-père de quatre petits-enfants dira : « Les personnes âgées vivent ce qu’elles n’ont jamais vécu avant. » Pour bien vivre quand on vieillit, dit-il, il faut avoir de l’aide pour assumer ces transformations et demeurer des citoyens actifs et responsables. Selon lui, il ne faut pas seulement prévoir la sécurité financière. Il faut demeurer en forme; rester actif intellectuellement, s’engager socialement, et se créer un réseau social de 5 à 10 personnes, des gens de confiance pour se rendre mutuellement des services.

« Ce qui crée le plus de stress et de maladies chez les personnes âgées, dit-il, c’est la solitude. » C’est avec quelques personnes qu’il a lancé ce projet de « vieillesse alternative» pour lequel il donnera deux cours à l’Université du Troisième Âge, l’automne prochain.

Dans ses temps libres, Charles Caouette joue au bridge et fait partie du conseil d’administration de la troupe de théâtre Atout-Coeur pour les adultes ayant une déficience intellectuelle, et dont sa compagne, Yolande Lemaistre, est la directrice artistique et la présidente.

Arrivé dans Ahuntsic alors qu’il était encore étudiant en psychologie, il a résidé en divers endroits du quartier qu’il aime beaucoup. Son quartier Ahuntsic, il le trouve vivant, riche en verdure, avec un beau climat humain, sans ostentation. « Une des rues ressemble aux Champs-Élysées, avec de très beaux arbres comme les magnolias», conclut-il en souriant.

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