Un nouveau coup porté à l’économie régionale : Cliffs se met à l’abri des créanciers

Guillaume Rosier, Le Trait d'union du Nord, Fermont, le 9 février 2015

Le 27 janvier dernier, Cliffs Natural Resources annonçait que la Cour supérieure l'autorisait à placer ses filiales canadiennes sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Cette décision, prise par la minière à la suite d'impératifs financiers et stratégiques, risque à terme de fragiliser davantage l'économie régionale.

Avec la fermeture de la mine du Lac Bloom, annoncée au mois de novembre dernier, Cliffs se retire de l'Est du Canada. Il lui reste cependant une ardoise importante à régler.

Le 27 janvier, la minière a indiqué par voie de communiqué que le Groupe du Lac Bloom, qui regroupe les entités Bloom Lake General Partner Limited et Cliffs Iron Mining, « ne génère plus aucun revenu et n'est plus capable de faire face à ses obligations ». Après une analyse des options envisageables, Cliffs a choisi de placer ses filiales canadiennes sous la protection des tribunaux.

Une semaine jour pour jour après cette annonce tonitruante, le chef de la direction de la minière, Lourenco Goncalves, a soutenu en conférence de presse qu'une restructuration était plus avantageuse que les dernières offres reçues pour les installations. Le cabinet FTI Consulting Canada de Toronto a été nommé par la Cour supérieure pour superviser ce processus de réorganisation.

 

Une réduction des couts

 

À la mi-janvier, l'analyste Michael Gambardella de la firme JP Morgan avait estimé que Cliffs pourrait ramener ses couts de fermeture de la mine du Lac Bloom sous les 100 millions $ US en ayant recours à la protection de la cour.

Initialement, Cliffs a évalué les couts de fermeture de la mine dans une fourchette de 650 millions $ à 700 millions $ US. Environ 450 millions $ US sont liés à un contrat avec la Quebec North Shore and Labrador Railway (QNSL), une division d'Iron Ore du Canada. Cependant, la donne a changée. Selon Lourenco Goncalves, cité par l'agence de presse Reuters, ce contrat a été suspendu par un juge, à la suite du placement des filiales de Cliffs sous la protection des tribunaux. M. Goncalves explique que suite à cette suspension, le contrat n'est plus valide et il sera donc renégocié. Cliffs espère ainsi vendre à un meilleur prix ses installations du Lac Bloom. Toujours selon Lourenco Goncalves, Cliffs espère se séparer de ses actifs d'ici la fin de l'année.

 

Impacts à Fermont

 

La nouvelle de la mise sous protection des tribunaux des filiales de Cliffs pourrait fragiliser plusieurs entreprises, qui attendent toujours des paiements en provenance de la minière. Cliffs peut en effet retarder le paiement de ses factures jusqu'à la fin de la restructuration.

La Ville de Fermont se dit également inquiète des délais que peuvent prendre cette restructuration. En entrevue avec le journal Le Trait d'union du Nord, Martin St-Laurent, maire de Fermont, explique que pendant la durée des procédures, Cliffs ne paiera pas de taxes à la municipalité, soit un manque à gagner de près de 5 millions de dollars sur un budget total de 14 millions de dollars pour l'année 2015. M. Saint-Laurent explique : « Présentement, nous avons un surplus accumulé qui nous permet de compléter le budget. Nous avions mis de l'argent de côté en prévision des contestations de taxes. La grande question que nous nous posons, c'est de savoir combien de temps va durer la restructuration de Cliffs. »

Martin St-Laurent, qui siège au sein du comité d'urgence Cliffs, souhaite que le gouvernement nomme une personne qualifiée afin d'aider les municipalités concernées à mieux comprendre les procédures qui entourent la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

 

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