Guillaume Rosier, Le Trait d’union du Nord, Fermont, le 9 février 2015
Le mois dernier, deux commerces fermaient leurs portes. Avec la baisse du prix du fer et des perspectives moroses pour l'industrie minière, la fréquentation du centre commercial dans le mur-écran diminue. Si le retour au calme après le boom minier ravit certains habitants, ce n'est certainement pas le cas des commerçants.
Dans les océans, les poissons-pilotes profitent de la poussée que de plus gros poissons exercent en nageant, et éventuellement de leur protection. À leur image, la vitalité des commerces des villes minières dépend étroitement de la bonne santé des grands employeurs.
Le départ de nombreux sous-traitants à la fin du boom minier et la fermeture de la mine du Lac Bloom à la fin de l'année dernière ont eu une forte incidence sur l'achalandage dans le centre commercial. Alain Frappier, citoyen fermontois depuis 1982, fait remarquer qu'il ne s'agit pas d'une première : « Au début des années 1980, le centre commercial était très calme. Il faut savoir que lorsque des grands espaces deviennent vacants, il n'est pas toujours évident de les remplir avec de nouveaux commerces. Depuis toujours, il est très rare que le centre commercial soit occupé à 100 %. » Selon M. Frappier, une spirale descendante peut rapidement se former : « On attire pas les mouches avec du vinaigre. Lorsque le nombre de commerces diminue, certains habitants vont préférer faire leurs courses ailleurs. Les commerces restants voient leur chiffre d'affaires baisser. »
Le déménagement de la cafétéria
Alain Fillion, propriétaire du Resto-Bar Zonix, remarque lui aussi une baisse notable de l'achalandage. Selon lui, le déménagement de la cafétéria de Cliffs à l'extérieur du centre commercial a été une grave erreur. « Ce déménagement a porté le coup de grâce à des commerces déjà en difficulté. Il faut se rappeler qu'en fin de journée, de 300 à 400 travailleurs circulaient dans le centre commercial. Cela générait un achalandage intéressant », souligne M. Fillion.
À l'époque, de nombreux citoyens avaient exhorté la municipalité à intervenir pour faire déménager la cafétéria. L'objectif était que les Fermontois se réapproprient le centre commercial. Le peu de places disponibles sur le stationnement avaient également fini par lasser et exaspérer certains citoyens.
Encourager l'achat local
Nombreux sont les Fermontois qui se rendent au Labrador pour faire leurs courses. Afin de remédier au problème et d'encourager l'achat local, l'Association des marchands Fermontois (AMF) organise régulièrement des activités afin de sensibiliser la population à la problématique. Par exemple, au mois d'octobre dernier, l'AMF avait organisé « Achetons chez nous », une campagne de sensibilisation à l'achat local. « Nous avons communiqué à la population fermontoise qu'en achetant chez nous, ils peuvent contribuer non seulement à la pérennité de notre économie, mais également à la préservation de nos emplois et l'accessibilité à une gamme de produits et services de qualités », explique Gabriela Artiga, agente de promotion de l'AMF. Mme Artiga assure que les commerçants s'efforcent de donner un bon service aux clients afin de les encourager à revenir.
À titre de rappel, l'AMF a pour mission de promouvoir les commerces qui en sont membres et qui sont situés dans le centre commercial. Par le paiement d'une cotisation, les membres peuvent bénéficier des publicités ou des activités organisées à leur égard. Des formations sont également proposées.
À noter qu'au début du mois, le maire de Fermont a rencontré les représentants du CLD de Caniapiscau pour s'entretenir sur la baisse de la fréquentation dans le centre commercial et réfléchir à de nouvelles solutions pour remédier au problème.
Situation au Labrador
Julie Cayouette est native de Labrador City. Propriétaire de la boutique Sweet Sensations depuis bientôt trois ans, Mme Cayouette remarque une nette baisse de l'achalandage. « La situation a commencé à se détériorer l'année dernière avec la fermeture de la mine Scully à Wabush », raconte la commerçante. Elle poursuit : « Présentement, les commerces font face à un climat d'incertitude permanent. Ce n'est pas facile de préparer l'avenir dans de telles conditions. J'espère sincèrement que l'on y verra bientôt plus clair et que la situation va se stabiliser d'ici Noël. »
Mme Cayouette affirme avoir connu les crises de 1982 et 1991 qui, déjà à l'époque, avait affecté les commerces. La preuve étant que dans les villes minières, il faut s'attendre continuellement à des hauts et des bas. Tant qu'il y a du fer, il y a de l'espoir.