Un patrimoine en péril…?

Jean-François Gerardin, Le Lavalois, Sainte-Brigitte-de-Laval, janvier 2015

Je reprends ma plume citoyenne, outil de prédilection, arme pacifique, essentielle pour exprimer une opinion, une inquiétude ou une urgence au regard de ces dangers afférents à notre environnement et à notre patrimoine architectural. Je me pose des questions à propos de décisions qui iraient à l’encontre de l’esprit des recommandations issues de la récente consultation.

Lors de cette dernière, menée par notre conseil municipal, des mémoires étoffés et bien rédigés ont été déposés avec autant de desiderata créatifs et légitimes. Des gens d’ici se sont commis dans un sondage et dans des rencontres pour que nos élu(e)s tiennent compte des données recueillies : une vision plus globale de l’avenir de SBDL arrimée à des actions locales fidèles aux attentes précisées dans les rapports de cette consultation.

Cet exercice citoyen n’aurait-il été que vaine démonstration? Pendant combien d’années encore SBDL pourrait-elle accueillir ses visiteurs avec des photos qui présentent ces deux maisons patrimoniales : cette maison en amont du Duff et celle de la famille Vallée (Omer) devant laquelle je passe depuis 37 ans? Si je ne crains pas pour cette dernière, je crains de plus en plus pour celle de Norma Yaccarini et Didier Bonaventure, mes amis, qui n’ont cessé de se mobiliser et de mobiliser la communauté à sa cause : articles, pétitions importantes qu’on a écartés du revers de la main. Et ces nouveaux résidents n’ont cessé, depuis, de se commettre pour d’autres causes.

Nous avons, à l’entrée de notre ville une station d’essence et une autre, au cœur du village, le Bonichoix, et il serait question, à nouveau, d’une station additionnelle à côté de cette maison ancestrale en évidence sur ce petit livret qu’on remet aux nouveaux résidants…

Est-ce cohérent? On va sacrifier le Bonichoix, un commerce utile de notre ville, dénaturer une ZONE SENSIBLE sous le prétexte qu’elle est en zone commerciale. C’est acceptable?

Le discernement n’est pas au rendez-vous quand il s’agit de commerces jouxtant un tel milieu. Des amendements? Oui, c’est possible! Des dispositions tenant compte de l’environnement? Oui. Des dérogations raisonnables? Bien sûr. Une législation appropriée, certainement.

Le modèle environnemental évoqué, idéal, ne se limite pas à un développement pur et dur commercial, certes utile et légitime, mais bien à une vision durable incluant les données nombreuses collectées lors de cette consultation publique. Entre autres, tenir compte d’un desiderata explicite qui propose une politique spécifique dans des ZONES SENSIBLES incluses dans un secteur commercial. Que ces secteurs fragiles, dûment identifiés, ne fassent pas l’objet d’un décision irrévocable, sans que tous les citoyens concernés n’aient été consultés sur leurs positions au regard de projets risquant de dénaturer leur milieu immédiat. Une consultation franche, pas pré cimentée.

Le cas de cette maison ancestrale en est un exemple patent. Ses propriétaires n’en finissent plus de se battre et subissent, à répétition, déconvenues, revers, harcèlement malhonnête et cette situation est patente et triste. Où loge notre fierté collective lavaloise au regard de notre patrimoine? Que reste-t-il de la mémoire des bâtisseurs irlandais et québécois? Notre mémoire fout le camp?

Notre tissu social se délite au lieu de se tramer avec vigueur. La solidarité est remplacée par des clivages bien ancrés, onéreux pour notre communauté. On dirait que nous attendons la tempête. « Tout va bien nous dit-on », vraiment? Les bénévoles affichent présent(e)s, toujours les mêmes… Les organismes OSBL travaillent sans relâche. Nos employé(e)s: cols bleus, cols blancs, cadres, travaillent avec un professionnalisme reconnu et dont on bénéficie tous.

L’équipe municipale agit comme elle peut, dans un repliement de forces vives qui semblent attendre. Tout va bien à Sainte-Brigitte-de-Laval? J’hésite. Des gens venus pour la qualité de notre nature voient se profiler un milieu mutant qui ressemble, petit à petit, à la ville qu’ils voulaient fuir. Mais, qui ne dit mot consent. Le silence coûte très cher. Combien d’adultes de notre ville sont attentifs et sensibles à l’avenir de leur ville?

Combien d’entre nous, adultes, sont sensibles et attentifs au présent et à l’avenir de notre collectivité? Combien se lèvent, parlent, demandent, commentent et proposent en tribune publique? Des gens, nombreux, se sont certes impliqués dans un processus démocratique jusqu’à la signature d’un registre. Beaucoup ont alors baissé les bras au grand dam de celles et ceux qui se sont mobilisés.

Les gens ont choisi. Le ressac a encore une fois, eu raison du roc.  Ce qui précède n’engage que le citoyen que je suis.

 

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