Gens de chez nous

Rosanne Aubé, Au fil de La Boyer, Saint-Charles-de-Bellechasse, février 2015

Ce mois-ci, je suis sortie de mon village pour aller rencontrer des gens qui vivent en paroisse dans le rang Sud-Est (bas du Sud). Depuis un an et demi, ils habitent une grande maison qui aurait été autrefois une école. Les propriétaires, Mme Nathalie

Roy et M. Paul Gagnon, des ex-citadins, lors d’une visite estivale chez des amis habitant dans le rang de l’Hêtrière sont tombés sous le charme de la campagne, de ses grands espaces et de sa tranquillité. Parle, parle, jase, jase! Ils apprennent qu’une maison serait à vendre dans le rang Sud-Est. Recherche sur Internet, une visite de ladite maison et… c’est un coup de coeur!

Tout un vrai! Une offre d’achat et le tour est joué. Clé en main. Rien à changer, si ce n’est qu’un peu de peinture pour rafraîchir les petites planches en bois de «Colombie», une question de goût dit Nathalie. Comme on l’entend parfois : «Le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas!» Ils sont fiers et contents de ce changement tout comme leurs garçons. Frédéric, 21 ans, absent lors de ma rencontre, est étudiant en techniques policières et Louis-Félix, 13 ans, est en sports études (football) à la Polyvalente de Lévis. L’adaptation se vit plutôt bien pour tout le monde. Je m’imagine que ce n’est pas toujours évident de passer d’un milieu urbain à un milieu rural ou vice versa. On a tous nos petites habitudes!…

La distance à parcourir pour profiter des services offerts, le réseau social inconnu et les conditions routières hivernales ne les dérangent pas outre mesure. Confiants, les changements ne leur font pas peur. C’est presque naturel! Jetons un coup d’œil dans le rétroviseur…

Il y a seize ans, Nathalie et Paul se sont rencontrés dans une boutique de skis. Vendeur occasionnel chez son beau-frère, Paul a remarqué la jeune femme, s’est empressé de converser avec elle, vanta la marchandise et… il arriva qu’ils prirent rendez-vous, se virent plus souvent, décidèrent d’habiter ensemble et, deux ans plus tard, le mignon Louis-Félix faisait son apparition au sein du couple.

Frédéric, le fils de Paul, était bien content d’avoir un petit frère. Retour plus en arrière. Tous les deux ont une feuille de route bien remplie. Je commence avec Nathalie. Je résume : Breakeyville : maternelle et primaire; Polyvalente de Charny : secondaire; Cégep de Granby : Techniques touristiques (conseillère en voyage); Université Laval : Baccalauréat en géographie, baccalauréat en sciences de l’orientation et maîtrise en counseling-orientation. Entre tous ces diplômes, elle a occupé quelques emplois, mais elle a surtout voyagé en Europe, souvent avec le sac à dos. Elle a adoré son expérience comme aide humanitaire en Amérique du Sud. Depuis huit ans, elle est à l’emploi de la Commission scolaire des Navigateurs de Lévis au Centre de formation professionnelle. Elle est responsable du service de reconnaissance des acquis et des compétences concernant les personnes qui aimeraient obtenir un diplôme, sans tout reprendre le cours au complet. Sa clientèle est composée d’adultes de tout âge. Elle parle de son travail avec beaucoup de passion.

En parlant de passion, elle aime faire de la photographie. Son plus grand admirateur me disait qu’elle a déjà fait des expositions. Qui sait? Nous aurons peut-être la chance de voir ses belles photos un jour. L’invitation fut lancée! Il s’ensuivit une bonne jasette entre Yvan (mon photographe) et Nathalie… Faire du dessin avec son fils cadet est un autre de ses passe-temps et elle adore lire. «À la bibliothèque, on me reconnaît!» me dit-elle, faisant allusion qu’à part les proches voisins, elle connaît peu de gens de la paroisse. Ce n’est pas la même chose pour son conjoint qui travaille au Centre de rénovation Georges Laflamme inc. depuis un an comme responsable du département saisonnier.

Il rencontre régulièrement des gens d’ici et d’ailleurs. C’est justement lors d’une visite en décembre que j’ai fait la connaissance de cet homme jovial. Simplement, suite à des conseils demandés de ma part, je voulus savoir à qui je parlais .. bla ! bla! bla! J’étais très contente de m’entretenir avec un nouvel arrivant de la paroisse, j’étais intéressée de faire plus ample connaissance et vous connaissez la suite! Natif de Lévis, Paul y a fait sa maternelle et son primaire de même que son secondaire à la Polyvalente. Refusant de faire son Cégep, son père lui fit rencontrer un conseiller en orientation. Paul voulait être un cuisinier. Il fit donc un cours de cuisine intensif avec un stage. Après plusieurs expériences de travail comme gestionnaire chez McDo, Normandin et autres restaurants, il décida d’aller voir du côté de l’horticulture.

Il y travailla comme technicien, représentant et camionneur une dizaine d’années. Par la suite, il fut vendeur, livreur et représentant en alimentation. Les heures de travail étant longues et loin des siens, il postula au centre de Rénovation Laflamme et c’est avec grand plaisir qu’il accepta l’emploi. Il travaille dans un domaine connu (la vente) et aime l’ambiance qui règne au sein de l’équipe. Être tout près de chez lui est un gros avantage. De plus, toute la famille profite de sa présence et de ses bons petits plats cuisinés avec amour. Pour la maman, le temps des repas est important. C’est un moment de rencontre où l’on prend le temps de se parler. Pas de télévision, pas de tablette! La table de billard qui trône dans l’immense salle de séjour permet aux garçons de mesurer leurs talents avec le paternel. Une belle activité familiale près du feu de foyer! Surtout le soir de ma visite… 7 janvier, -30 °C, poudrerie.

Non! Je n’ai pas fait le tour de la propriété, mais je m’imagine que le printemps verdoyant et l’été fleuri changent le décor. Je repasserai l’été prochain et j’y verrai peut-être Louis-Félix parler à ses poules, les remercier pour les bons œufs frais qu’il ramasse quotidiennement. Un des petits bonheurs campagnards!

 

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