Deux Sénégalais découvrent notre agriculture

Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, le 26 janvier 2015

En novembre et décembre derniers, deux leaders d’organisations paysannes sénégalaises étaient les invités de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches. Ces deux personnes étaient Mme Fatou Benetou Diop et M. Ndiawar Diop, président de la Fédération des périmètres autogérés (FPA).

Mme Fatou Benetou Diop est animatrice rurale à l’Union des groupements paysans de Mécké (UGPM). L’UGPM est composée de 82 villages regroupant 5 000 membres, dont 61 % sont des femmes, et comptant 2 050 entreprises familiales. L’UGPM a la volonté d’aider les familles à développer leurs exploitations agricoles à travers des pratiques agroécologiques durables, tout en diversifiant leurs sources de revenus. L’UGPM soutient le retour au local, la protection de l’environnement et la solidarité, en luttant pour que le paysan puisse acquérir une véritable viabilité économique et sociale.

M. Ndiawar Diop est président de la Fédération des périmètresautogérés (FPA). La FPA est une association de huit unions hydrauliques du delta du fleuve Sénégal qui gère et exploite près de 8 000 hectares de terre irriguée pour 9 000 exploitations familiales et 191 groupements. La mission initiale de la FPA, la défense des intérêts communs, s’est élargie à la production des semences, à l’achat groupé d’intrants et à la commercialisation du riz. Fatou et Ndiawar ont participé tous deux à une mission de dix jours au Québec dans le cadre d’un projet d’appui d’UPA Développement international (UPA DI) et de l’Année internationale de l’agriculture familiale.

La première moitié de leur séjour fut en Chaudière-Appalaches, où ils ont visité des fermes aux productions variées et des entreprises de transformation agricole aux quatre coins du territoire, le tout en compagnie de représentants de l’UPA de la région. Leur visite leur fera certainement partager avec les membres de leur organisation paysanne ce qu’ils ont trouvé inspirant chez nous. Plus près de chez nous, nos deux Sénégalais ont entre autres visité la Ferme Genest (fruits et légumes variés) et la Cidrerie et vergers Saint-Nicolas (produits de la pomme) de Saint-Nicolas, La Cabane à Pierre (produits de l’érable) de Frampton, Cassis et Mélisse (chèvres) de Saint-Damien-de-Buckland et la ferme Amoporc (moutons) de Saint-Magloire.

 

Soutien d’UPA DI

 

Cette visite a été rendue possible grâce à UPA DI, qui a été fondée le 8 janvier 1993 par l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec. Il s’agit d’une corporation à but non lucratif qui a pour membres la Confédération de l’UPA ainsi que les fédérations régionales et les groupes spécialisés qui y sont affiliés.

UPA DI fait la promotion d’un modèle de coopération «de paysans à paysans», en mettant à profit l’expertise, les outils et les réseaux de l’UPA. Cet organisme acomme mission de soutenir la ferme familiale comme modèle d’agriculture durable en appuyant les organisations paysannes démocratiques, les systèmes collectifs de mise en marché des produits agricoles et toute autre initiative structurant l’avenir de l’agriculture dans les pays en voie de développement.

UPA DI est à l’origine de plusieurs projets de coopération internationale dans divers pays en voie de développement comme l’Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Chili, El Salvador, le Guatemala, la Guinée, Haïti, Madagascar, le Mali, le Niger, le Paraguay, la République démocratique du Congo, le Sénégal et le Vietnam.

Comme le mentionnaient les deux visiteurs, le défi est grand pour l’agriculture de leur pays. En effet, des multinationales de pays occidentaux exercent une forte pression pour accaparer les plus belles terres irriguées du Sénégal. Le gouvernement du pays, qui possède une bonne partie de ces terres, a concédé le droit d’en exploiter des dizaines de milliers d’hectares à ces multinationales, provoquant une crise sociale dans de nombreux villages, ce qui a même entraîné des morts. Pour éviter de voir toutes leurs terres ainsi accaparées, les paysans doivent démontrer à l’État qu’ils sont en mesure de les exploiter eux-mêmes de façon productive.

Pour aider ces paysans, UPA DI appuie l’UGPM et la FPA depuis 10 ans pour mettre en place des services aux membres. Avec l’aide d’UPA DI, ces deux organisations paysannes ont développé, entre autres, la production de semences certifiées de riz, d’arachide, de mil et de niébé (une légumineuse). Depuis quelques années, leur organisation joue un rôle important dans l’approvisionnement des paysans du Sénégal en semences certifiées.

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