Ta déficience m’attise ou me défrise

Pierrette-Anne Boucher, Le Sentier, Saint-Hippolyte, janvier 2015

La vie porte une trop grande promesse pour se réduire à une seule façon d`être et de faire. Voici la réflexion que m’ont inspirée, des hommes et des femmes que j’ai rencontrés le mercredi 26 novembre au CEGEP de Saint-Jérôme. Ils sortent tous de l’ordinaire. Je qualifie ma rencontre avec eux de merveilleux bouleversement. Ils travaillent tous dans un projet bien ordonné, bien orchestré, mis en place, soutenu par le Centre du FLORÈS, le CEGEP de Saint-Jérôme et les étudiants. Je vous parlerai de ces bâtisseurs dans les prochaines chroniques. Aujourd’hui, je veux vous parler des travailleurs qui sont au même cœur de ce projet. Leurs différences? Ils vivent avec une déficience intellectuelle ou le trouble du spectre de l’autisme. Oui, ils travaillent. Oui, ils rendent un réel service. Oui, ils réussissent leur projet avec compétence et sourire.

Que font-ils ?Ils recyclent. Ils le font depuis quatorze ans. Ce n’est pas rien. Quatorze ans! Ces travailleurs qui sortent de l’ordinaire, travaillent à recycler le papier, le verre et le plastique usé, produit à l`intérieur même du CEGEP. Ils exploitent une véritable entreprise de recyclage. Ces travailleurs en fauteuil roulant, aux bruits et aux mouvements qui surprennent, font partie intégrante de la vie étudiante. Et ce, tous les jours de la semaine puisque l’entreprise est à l’intérieur des murs de l’école. Lors de cette rencontre, j’ai pu comprendre l’importance et l’ampleur de leur travail par le biais d’une vidéo extrêmement touchante. Merveilleux!

Cet événement fut pour moi merveilleux et bouleversant. La pensée qui me vient en regardant ces travailleurs qui sortent de l’ordinaire, donner une nouvelle vie au jeté, à l’imparfait, est que dans leurs tripes ils savent sûrement ce que veut dire être rejeté, hors d’usage, pas assez bon pour être considéré. Notre société a tellement le rejet facile qu’il est plausible d’imaginer qu’ils en ont reçu des tonnes. Et ce mercredi, comme tous les autres jours de la semaine, ils sont là, à donner une nouvelle vie à des tonnes d’objets rejetés. Je suis bouleversée par la profondeur de ce projet et la grandeur de leur travail. Étant que nous étions près de Noël, fête chargée d’une naissance et de cadeaux, il me plaisait de voir à travers ce projet et ces travailleurs uniques, un espoir de changement. Celui que l’humain, quelque soit sa différence, sa déficience peut vivre autrement, avec ses talents et ses capacités. Génial, ce projet piloté par le Centre du Florès et endossé par le CEGEP de Saint-Jérôme. Il est fait sur mesure, par et pour des gens géniaux capables de voir plus loin qu’eux-mêmes.

 

Quel est l’invisible qui fait du bien?
 

La vie porte vraiment une très grande promesse. Celle que chacun, chacune ait sa place et sa raison d’être. Ensemble et différents ils construisent un monde meilleur. Ils donnent vie à ce qui, sans une touche d’humanité, serait qualifié d’inutile et de jetable. Il y a parmi eux, une personne de chez-nous. Vous la connaissez peut-être. Elle est l’agente d’intégration de Valérie Beauchamp, dont j’ai parlé à quelques reprises dans les précédentes chroniques. Elle travaille au Centre le Florès. Elle habite à Saint-Hippolyte et s’appelle Danielle Desjardins. J’ai bien hâte de vous parler d’elle et de la générosité de ceux et celles qui contribuent à cette œuvre extraordinaire dont j’ai été témoin au CEGEP de Saint-Jérôme.
 

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