Gilles Désaulniers la culture de l’argousier

René Grenier, Le Stéphanois, Saint-Étienne-des-Grès, janvier 2015

Une nouvelle culture de petits fruits au goût unique se développe présentement sur le territoire stéphanois. Ces fruits se distinguent par une concentration en vitamine C de 10 à plus de 30 fois celle des oranges. Plusieurs vitamines s’y retrouvent aussi : A, E, B1, B2, B3, B9, B12, F, K, et P. Il y a peu de plantes qui regroupent autant de vitamines, minéraux, antioxydants et acides gras essentiels (omégas 3, 6, 7 et 9).

Ces baies contribuent à stimuler le système immunitaire et à augmenter la vigueur. Il s’agit de l’argouse, baie de l’arbuste fruitier appelé argousier. Ces argouses de production locale peuvent remplacer les agrumes importés. Notre Stéphanois du chemin des Dalles, Gilles Désaulniers, s’intéresse depuis déjà plusieurs années à cette production originale.

En 1999, chercheur à la Direction de la recherche forestière au gouvernement du Québec, il apprend d’un collègue qui a le mandat de valoriser les terres que l’argousier peut relever un tel défi. Ce collègue commande de l’Ouest canadien des plants du cultivar Indian-Summer développé par des chercheurs; ces plants lui sont livrés à racines nues. À l’automne, Gilles installe une cinquantaine d’entre eux; ils gèleront durant l’hiver, d’où la perte de cette première plantation. En 2002, il propose à un neveu, comme projet de fin d’études collégiales, la cartographie des territoires propices à la culture des argousiers selon des critères déterminés. Il désire connaître les meilleurs endroits en Mauricie pour réaliser son projet de retraite : c’est avec « Fierté » qu’il constate que certains sols stéphanois sont très favorables à l’argousiculture, parce qu’ils sont en général sablonneux.

 

Réalisation

 

L’année 2009 lui donnera l’occasion d’acquérir, à Saint-Étienne-des-Grès, une terre convenable qui nécessitait cependant quelques travaux d’amélioration. À la suite de ses lectures et de ses réflexions, Gilles veut travailler selon une approche inédite. Il choisit le cultivar femelle Leikora développé en Allemagne vers 1979 dont les baies atteignent leur maturité tard en automne; les autres cultivars produisent des fruits qui mûrissent en août ou en septembre. Ainsi, la cueillette des fruits du Leikora se fera en décembre lorsque les températures descendent sous les -10C, les argouses congelées se détachant facilement des branches. Le principal inconvénient de ce cultivar réside dans l’abondance des longues épines semblant protéger les fruits qui s’agglutinent autour des pousses de l’année précédente.

L’argouse de ce cultivar ressemble à une petite poire inversée de couleur orangée; sa saveur est acidulée, c’est pourquoi cette baie s’apprécie mieux avec un soupçon de sirop d’érable. Presque toutes les parties de cet arbuste nordique sont utilisables telles que l’écorce, les feuilles, les fruits et les pépins. L’argousier entre dans la fabrication d’un grand nombre de produits pharmaceutiques et cosmétiques, de tisanes, de jus, de pâtisseries, de gelées, de friandises, de liqueurs, de vinaigrettes, de sauces pour les viandes. Le Canada, dont le Québec agit comme chef de file, s’inscrit parmi les pays actifs dans le développement de la filière de l’argousier.

L’argouseraie de Gilles, qui s’agrandit chaque année, atteint actuellement 1298 plants. Celle-ci compte principalement des plants du cultivar femelle Leikora, mais aussi des cultivars mâles puisque l’argousier porte ses fleurs mâles et ses fleurs femelles sur des arbustes différents. Même après un premier revers, il ne faut pas lâcher, dit-il, suivant son leitmotiv : « la seule chose pire que d’avoir raté son coup, c’est de ne pas avoir essayé. » Maintenant, il peut apprécier le résultat de sa ténacité; sa plantation sans engrais ni pesticide se porte très bien, à preuve, la robustesse des plants et la belle coloration orangée du verger à la fin de l’automne sous les premières couches de neige.

 

Activité

 

Le 11 novembre dernier, des citoyens ont assisté à une conférence de madame Denise Charest au centre communautaire afin de découvrir les avantages des argouses pour la santé. Après la conférence, il y a eu une dégustation du fruit, puis de pains, galettes et muffins montrant l’utilisation des argouses en pâtisserie. Le groupe s’est ensuite rendu à l’argouseraie du chemin des Dalles; les participants ont été instruits par Gilles des principes de cette culture particulière et naturelle.

 

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