Les églises : un héritage à réinventer

Mercedes Domingue, Échos Montréal, Montréal, janvier 2015

Montréal était sans aucun doute la « Ville aux cent clochers » (en fait, elle en a plus de mille) une époque où le culte était très fort et où un tel nombre était nécessaire comme lieux de rassemblements et de prières. Bref, quand le monde était encore sans Internet, sans tous ces gadgets électroniques de nouvelles instantanées, voire même sans télé.

Mais voilà : depuis les églises se sont peu à peu vidées et maintenant on y retrouve essentiellement que quelques croyants d'un certain âge, peu nombreux. Les nouvelles générations s'en sont massivement éloignées au fil des ans, peu motivées à pratiquer activement la religion, préférant le contact instantané (et illusoire) de ces modes de rencontres virtuelles, mais qui se veulent également sans contraintes ni interdits, toujours en quête de liberté absolue.

Sauf que les églises ne se sont à toutes fins pratiques pas encore adaptées à ce phénomène d'évolution rapide des modes de communications, via lesquels la contestation en tous genres fait partie du quotidien, et où toutes les religions dans le monde se sont vues mettre en cause, mondialisation et globalisation obligent.

Mais ce nouveau principe de fonctionnement sociétaire n'a pas que des lacunes, il s'accompagne aussi d'une dynamique louable composée de bien réels questionnements et de la recherche, justifiée, d'une meilleure répartition de la richesse.

Voilà ce dont devraient s'inspirer le clergé et les églises, pour se moderniser, se remettre au goût du jour et se rapprocher de la population, en optimisant leurs présences et leurs avoirs. Ainsi une excellente idée serait d'évaluer leur patrimoine architectural et territorial et de lui donner une vocation supplémentaire. Par exemple, les églises pourraient optimiser la superficie souvent immense de leurs bâtisses en la diminuant de moitié : une partie continuerait de servir de lieu de culte, tandis que l'autre portion pourrait être convertie en résidences pour personnes âgées, offertes à prix modiques. Tout le monde y serait largement gagnant : les personnes âgées y trouverait une ressource de logements qui leur fait carence en ce moment, tandis que les églises y trouveraient un renouvellement de leurs paroissiens, qui vivraient maintenant à proximité. Ce serait donc l’apport d'une « clientèle » intéressante et générant un profit somme toute appréciable pour les aider à renflouer leurs coffres et ainsi assainir leurs finances souvent bien précaires depuis plusieurs années.

Car les églises actuelles au Québec sont non seulement très nombreuses, mais également trop grandes. Pensons seulement à Montréal et au Plateau Mont-Royal qui regorgent d'églises, entre autres sur la rue Rachel à l'Est de Papineau et sur le boulevard Saint-Joseph Est. Il reste maintenant à savoir si les églises sont prêtes à se remuer de leur apathie et faire un choix plus avantgardiste qui serait bénéfique à tous.

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