Cacouna : protection des bélugas avant le pétrole

Marjolaine Jolicoeur, L'Horizon, MRC des Basques, décembre 2014

La construction d'un terminal pétrolier à Cacouna, dans une pouponnière de bélugas, s’avère de plus en plus incompatible avec leur statut d’espèce en voie de disparition. En effet, selon un rapport du Comité sur la situation des espèces en péril (COSEPAC), le béluga est menacé «d'une disparition du pays imminente.»Pour expliquer son déclin rapide, le COSEPACaccuse entre autres « la pollution, la perturbation causée par le bruit et le développement industriel ».

On a déjà dénombré plus de 10 000 bélugas dans l’estuaire du Saint-Laurent, aujourd’hui on en compte moins d’un millier.

« Cette décision du COSEPAC vient confirmer que nous avions raison de nous alarmer du dérangement causé par les travaux de TransCanada à Cacouna », a mentionné Karel Mayrand, directeur pour le Québec à la Fondation David Suzuki, par voie de communiqué.  « La nouvelle classification du béluga ne laisse plus aucune place au compromis. TransCanada doit abandonner son projet de terminal pétrolier », a-t-il ajouté.

Commentant le projet de port pétrolier à Cacouna, le  biologiste Pierre Béland, fondateur de l’Institut d’écotoxicologie du Saint-Laurent à Rimouskia indiqué  « qu’en 32 ans de recherche et d'efforts pour préserver le béluga, ce projet représentait la plus sérieuse menace pour l'espèce.»

Selon Patrick Nadeau, directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP) :  «Il est désormais impossible de justifier scientifiquement que l'implantation d'un terminal pétrolier à Cacouna puisse se réaliser sans causer un dommage irréparable au béluga du Saint-Laurent. On doit dès maintenant accélérer la création d'une aire marine protégée dans cette zone tel que recommandé par Pêches et Océans Canada depuis plus de 15 ans».

Un site alternatif?

Le premier ministre Philippe Couillard a réagit publiquement au rapport du COSEPAC, en déclarant que TransCanada se devait de trouver un « site alternatif » pour son terminal pétrolier. Avant d’opter pour Cacouna, TransCanada a considéré d’autres sites comme Baie-des-Sables (près de Matane), L’Île Verte, Saint-Denis de Kamouraska ou Saint-Nicolas.

Le NPD contre le projet

Puisque  les bélugas sont désormais considérés comme une espèce en voie de disparition, le NPD exhorte le gouvernement conservateur à rejeter l’idée d’un port pétrolier à Cacouna. «Une majorité des Québécois et des résidents de Cacouna ne veulent pas de ce projet qui n'a rien d'un projet de développement durable, a dit  François Lapointe, député de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup. Il n'y avait déjà plus d'acceptabilité sociale possible pour la construction d'un port pétrolier dans cette région du fleuve. Maintenant, il en va de la survie d’une espèce qui n’est plus seulement menacée, mais en voie d’extinction. Le gouvernement ne peut plus ignorer notre demande, il doit mettre un terme à ce projet.»

En octobre dernier, le NPD avait  déposé une motion demandant au gouvernement d'abandonner le projet de port pétrolier à Gros-Cacouna. Les conservateurs et les libéraux avaient voté contre cette motion qui visait à protéger l'habitat des bélugas.

Les caribous aussi

Le rapport du  COSEPAC, passe aussi en revue la situation de 36 espèces animales et végétales. Sa conclusion est alarmante : «  la liste des espèces sauvages canadiennes en péril ne cesse de s'allonger ». Les scientifiques pointent notamment le sort fragile des caribous, dont les populations boréales sont désormais considérées comme « menacées », en raison des « impacts cumulatifs de l'exploitation pétrolière, gazière et forestière ». Le troupeau évoluant en Gaspésie est quant à lui « en voie de disparition » et pourrait disparaître  d'ici environ quarante ans.

 

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