L’Institut national de santé publique : Les résultats de l’enquête sur la qualité de vie

Louise Leboeuf, Le P’tit Journal de Malartic, Malartic, le 10 décembre 2014

Le 3 novembre dernier, les chercheurs de l'Institut national de santé publique ont présenté à une centaine de citoyens de Malartic, les résultats de leur enquête réalisée pour la période de 2006-2012.

En 2012, Geneviève Brisson, chercheuse à l'institut national de santé publique(INSQ) avait reçu le mandat de la Direction de la Santé publique de l'Abitibi-Témiscamingue de réaliser une enquête épédémiologique sur les impacts psychosociaux liés à la reprise des activités minières à Malartic. Elle a été soutenue par Catherine Morin-Boulais, chercheuse doctorante. Elles ont interviewé 93 personnes qui ont résidé ou qui résident à Malartic entre 2006 et 2013. «On recherchait une diversité de personnes afin d'avoir un portrait d'ensemble», ajoute Geneviève Brisson.

 

Les résultats

 

Geneviève Brisson mentionne que les résultats obtenus à Malartic ne diffèrent pas avec la littérature scientifique provenant d'études similaires sur des populations à l'étranger touchées par un développement touchant les ressources naturelles non-renouvelables. « Les effets négatifs sur les populations sont plus importants que les effets positifs, et ce à court et à long terme», mentionne la chercheuse.

Notons qu'une majorité de répondants ont exprimé ressentir plus de désagréments que d'effets positifs et ce, pour l'ensemble des questions de l'enquête. Parmi les effets positifs, notons que l'arrivée de la mine a donné un sentiment de fierté et d'espoir pour l'avenir économique de Malartic, du travail dans la ville et certaines personnes ont répondu vivre une amélioration de leur qualité de vie.

D'un autre côté, l'arrivée de la mine, pour la majorité des répondants, a accru la vulnérabilité et les inégalités des classes sociales, a affaibli les réseaux sociaux par le départ de certaines familles. On note aussi une hausse de consommation de biens matériels et l'arrêt précoce de l'école des jeunes filles se fiant à leur conjoint qui travaille à la mine.

La poussière, le bruit, les gaz de nuage orange et les vibrations font craindre à la majorité des répondants pour leur santé à long terme. La majorité des répondants a d'ailleurs souligné le manque de transparence de la gestion tant de la part de la minière que de la Ville. Ils souhaitent pour l'avenir une saine gestion municipale, une économie diversifiée, une ouverture au dialogue et que cette expérience serve à tirer des leçons.

La majorité des répondants a également peu d'espoir en l'avenir de la Ville après la fermeture de la mine. Les résultats présentent le portrait de la situation à Malartic en 2012-2013. «Le rapport de recherche est un point de départ, car la communauté est vivante. Nous allons poursuivre en collaboration avec Direction de la santé publique en Abitibi-Témiscamingue », précise Geneviève Brisson.

 

Réactions

 

« C’est une première au Québec : l’Institut national de la santé publique du Québec confirme les nombreuses préoccupations que soulignent depuis plusieurs années la Coalition Québec meilleure mine, le Comité de vigilance de Malartic et les citoyens qui subissent les impacts d’une mine à ciel ouvert », souligne Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine

« L’étude démontre de façon scientifique tous les impacts que subissent réellement les gens affectés par une mine à ciel ouvert, que ce n’est pas le fait d’une petite minorité comme certains élus ont toujours prétendu, mais bien d’une large proportion de la population », affirme Me Nicole Kirouac, avocate et personne ressource du Comité vigilance de Malartic. «On n'a pas posé de questions ni de commentaires , car pour une fois on se sentait écouté dans nos doléances. Tout ce qui était dit se colle à notre vécu», mentionne Dave Lemire, citoyen du Quartier Est. Guy Morrissette, du comité du Quartier Est a déclaré ouvertement que le comité s'élargissait, car des gens d'autres secteurs demandent à se joindre au groupe.

 

Direction de Malartic

 

Ce qui a amené le directeur général de la Ville, Jean Carrier à prendre la parole: « À la lumière de ces résultats, notre projet Horizon 2030 devient un levier pour faire en sorte que les éléments négatifs soient tournés positivement.»

 

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