Monia Grenier, invitée à discuter d’agriculture en Suisse

Pierrette Poirier, Le Trident, Wotton, décembre 2014

À l'occasion de l'année internationale de l'agriculture familiale, deux agricultrices québécoises Monia Grenier de Wotton et Nancy Caron du Bas St-Laurent,ont été invitées à participer au Dialogue entre paysannes organisé par Swissaid et l'Union Suisse des paysannes et des femmes rurales. Six autres paysannes provenant de la Colombie, du Tchad et de la Birmanie ont également participé à cet échange.

Du 6 au 16 octobre 2014, les huit paysannes comme on les appelle en Suisse ont sillonné la Suisse, de Genève jusqu'à St-Gall, pour rencontrer des paysannes suisses dans leurs fermes; ces visites ont donné lieu à des échanges avec traductions simultanées pour évoquer ce qui les unit et ce qui les différencie.

À Aire-la-ville, elles ont d'abord visité une ferme produisant du gaz bio qui transforme les déchets organiques en électricité et des explications ont été données sur ce qu'est l'agriculture de conservation. En Suisse, on prône l'agriculture sans OGM.

À Romanens, elles ont visité une fromagerie qui fabrique du gruyère et du vacherin; elles ont appris leurs techniques de fabrication; Monia a été frappée par le fait que pour produire du gruyère, le lait chaud doit être transporté soir et matin à la fromagerie. De plus, les vaches ne doivent manger que du foin sec et jamais de foin fermenté ou ensilage.

Elles ont visité une grosse ferme moderne, avec des vaches qui remportent de nombreux prix lors des concours; non loin de là, une ferme de montagne; les taures sont en pâturage dans les montagnes des Alpes; elles sont conduites aux champs et ramenées à l'étable en passant par la voie publique. À cet endroit, des cochons étaient gardés à quelques mètres de la maison; l'étable n'était séparée de la maison que par un corridor.

À Sevel en, elles ont visité une serre qui produit de nombreuses variétés de légumes biologiques. Elles ont été sensibilisées à l'importance de sauvegarder les semences traditionnelles; des produits provenant des autres continents avaient été apportés par les visiteuses du Sud (Au Canada, c'est interdit); ceci a donné l'occasion d'observer et de goûter différents légumes peu ou pas connus.

Enfin, à Liebenberg, elles ont visité une ferme arboricole qui produits une grande variété de pommiers; une dégustation s'en est suivie. À travers ces visites, chaque paysanne a présenté sa ferme; les femmes ont échangé sur leur vie quotidienne à la ferme, sur l'importance des réseaux entre paysannes, sur le partage des tâches, l'accès à la propriété, la relève, la formation, la reconnaissance du travail agricole. Des tables rondes étaient organisées chaque soir pour discuter sur ce qu'elles avaient vu ou appris durant la journée.

Chaque paysanne qui recevait les invitées leur réservait un accueil spécial; habillées en costume traditionnel, elles leur préparaient des mets savoureux; les enfants étaient de la partie et présentaient des danses.

La tournée s'est terminée par une conférence où plus de 500 personnes étaient réunies pour faire le point sur les revendications des paysannes Alors qu'au Sud, l'agriculture est vraiment de type familial et repose sur le dos des femmes, ces dernières possèdent peu d'avantages quant il s'agit d'accès à la propriété ou d'emprunt. Au Québec, les fermes sont beaucoup plus grosses; plusieurs sont de type familial mais plusieurs nécessitent l'embauche d'employés saisonniers ou réguliers.

Le but de ces visites était de donner davantage de visibilité au travail des paysannes dans le monde entier ,de faire valoir leurs droits et d'échanger sur les défis qui se posent à elles. Il en est ressorti qu'il est important de préserver les structures familiales pour pouvoir vivre du travail de la terre. L'agriculture familiale joue un rôle de premier plan dans notre alimentation et il est de la plus grande importance d'exploiter les sols et les ressources de façon durable.
 

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