Un film tourné sur la route Picard

Stéphanie L. Samson, Au fil de La Boyer, Saint-Charles-de-Bellechasse, décembre 2014

Le 23 octobre dernier, la route Picard a servi de décor pour une équipe de cinéma venue y tourner le court-métrage «Gas and wine taste the same». La réalisatrice de ce film est une jeune originaire de Saint-Charles, Emmanuelle Lacombe, étudiante en cinéma à l’Université du Québec à Montréal.

Fille de Roger Lacombe et Jocelyne Mercier, elle a toujours habité Saint-Charles jusqu’à son départ il y a 4 ans vers Québec et ensuite Montréal pour les études. Sa première «jobine» a d’ailleurs été à la Résidence Charles Couillard! «Le film porte sur le quotidien d’une jeune fille en milieu rural, dont la copine déménage en ville.

Le personnage d’Aglaé Fortin pose un regard naïf tout en étant d’une extrême lucidité, sur son environnement et la communauté qui l’habite. L’espace d’une journée, on la suit dans son quotidien aigre et banal qu’elle n’échangerait pourtant contre rien au monde. Le film traite de thématiques comme la solitude, la haine, l’amour, l’esprit de communauté, la désolation, la solidarité, l’amertume, la nostalgie, l’amitié et la mémoire».

Bien que le titre soit en anglais, le film est entièrement tourné en français. Le tournage s’est déroulé dans plusieurs municipalités de la MRC de Bellechasse, notamment Beaumont et Saint-Raphaël en plus de Saint-Charles. Des scènes ont été tournées sur la route Picard, choisie pour ses magnifiques vallons, ainsi qu’au garage Bernard Côté. Tourner un film en région pour des étudiants montréalais, ce n’est pas habituel.

Heureusement, son directeur de programme monsieur Paul Tana a eu envie d’oser et de laisser les caméras sortir de la métropole pour s’intéresser à d’autres réalités québécoises. Emmanuelle a quand même dû démontrer qu’elle était prête à mettre beaucoup de temps sur la logistique du projet, car déplacer 20 personnes et beaucoup de matériel à 3 heures et demie de route, cela demande une gestion hors du commun. Ses parents ont d’ailleurs été de grands alliés pour permettre ce passage dans la région. Ils ont déménagé chez son oncle pour laisser toute la maison familiale libre à l’équipe de techniciens. Son père l’a aidée dans la recherche de commandites et de dons, tandis que sa mère s’est affairée aux fourneaux plusieurs semaines auparavant pour nourrir toute l’équipe. Ses oncles Sylvain et François Mercier, ainsi que sa soeur Marie-Josée l’ont aussi beaucoup aidée.

Autre preuve que ce film est typiquement bellechassois, le personnage principal est incarné par une citoyenne de Saint-Gervais, Élise Lavallée Duval. Les deux jeunes femmes se sont connues à l’ESSC en faisant de l’improvisation. Fière de pouvoir faire connaître son coin, Élise se reconnaissait à certains égards dans le personnage d’Aglaé.

Passionnée de théâtre, c’est un plaisir pour elle de jouer et contribuer au projet d’Emmanuelle. En tant qu’étudiante, la jeune réalisatrice touche à tous les aspects du métier. Elle collabore d’ailleurs au tournage de quatre autres films de fiction, où elle et ses collègues étudiantes alternent les responsabilités. Il reste que sa passion à elle, c’est la réalisation ainsi que la scénarisation. Elle dit avoir découvert le cinéma assez tard. Elle avait 18 ans quand elle a commencé à regarder des grands classiques cinématographiques présentés au cégep. C’est alors qu’elle a eu la piqûre.

Quant à ses ambitions avec son film? Son plus grand souhait est que celui-ci soit vu par le plus de personnes possible. Ce film constituera une partie de son portfolio en tant que jeune réalisatrice. Elle aimerait aussi participer à de grands festivals de cinéma québécois, mais aussi internationaux. À savoir si notre coin de pays lui manque, elle répond : «Pour moi, Bellechasse est maintenant devenu synonyme de retrouvailles, relâchement et liberté. Quand j’y reviens, c’est toujours avec beaucoup de joie, car je profite du temps que j’ai pour le passer avec ma famille. De plus, les grands espaces me manquent parfois…»

Il sera malheureusement difficile pour les citoyens de visionner le film. En effet, il sera diffusé à l’occasion de la projection de films de fin d’études à Montréal. Aussi, puisqu’Emmanuelle vise une carrière en festivals pour le film où l’exclusivité est alors exigée, il ne pourra être partagé sur l’internet. Cependant, une bande-annonce sera mise en ligne et les gens pourront la visionner.

En terminant, sachez qu’Emmanuelle et son équipe sont toujours à la recherche de donateurs pour compléter le financement du film.

 

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