Guy Drouin, L’Écho de Saint-François, Saint-François-de-la Rivière-du-Sud, décembre 2014
Près d'une centaine de personnes issues des milieux communautaires de L'Islet Montmagny et Kamouraska, ont répondu à l'appel de la Corporation de développement communautaire ICI Montmagny-L'Islet en se joignant à une marche de solidarité le lundi 17 novembre à Saint-Jean-Port-Joli pour dénoncer le sous-financement des organismes communautaires et les mesures d'austérité annoncées par le Gouvernement Couillard.
Après une courte marche d'une dizaine de minutes, les participants ont partagé une Soupe populaire à la Maison Communautaire Joly où ils ont pu entendre quelques-uns de leurs représentants leur livrer un compte rendu de la rencontre avec le député Norbert Morin qui s'était déroulée plus tôt en avant-midi à son bureau de circonscription de Montmagny.
La rencontre des représentants des divers secteurs d'activités communautaires de Côte-du-Sud tranchait avec celle commandée par le député Morin en janvier 2014 alors qu'il venait d'être réélu sous le gouvernement Couillard. Norbert Morin, visiblement plus nerveux, a mainte fois répété qu'il ne voulait pas parler de politique, lorsque les délégués communautaires étaient justement là pour lui souligner que les mesures d'austérité budgétaire de son gouvernement allaient les toucher de plein fouet.
Avec les coupes qui toucheront notamment le milieu de la santé et des services sociaux, les organismes communautaires en auront davantage sur les bras, alors qu'ils sont déjà sous-financés. Monique Potvin de la Maison de la famille du Kamouraska s'est dite inquiète sur les restrictions dans les services de santé. Il y aura assurément un impact sur les familles dites «normales» qui seront sans soutien, alors que, faute de moyens financiers, les services seront dirigés vers l'aide aux familles les plus vulnérables.
«Nous travaillons présentement sur du temps emprunté», a confié Rose Pomerleau de l'AQDR Montmagny-L'Islet dont sa mission est la défense collective des droits des personnes aînées. « Serions-nous obliger d'abandonner nos interventions auprès des personnes aînées ? Qui leur dira comment reconnaître les abus financiers ou psychologiques dont ils sont souvent victimes ? », s'interroge-t-elle .
Pour Christiane Bourgault du Centre-femmes La Jardilec, de plus en plus de femmes se présentent à la porte de l'organisme avec une triple problématique de santé mentale, de violence et de pauvreté. « Les coupures au CSSS vont toucher nos services. Il y aura débordement », insiste-t-elle. Même le Carrefour jeunesse emploi de la MRC de L'Islet a joint sa voix au mouvement pour contrer l'austérité, lui qui est visé par une révision de programme de la part d'Emploi-Québec qui lui dictera la clientèle à desservir alors qu'il a, depuis sa création, offert des services aux 16-35 ans sans discrimination à leur condition et à leur demande d'aide.
«Nous pensons que si le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale va de l'avant avec son projet de limiter la clientèle des CJE et d'imposer ses façons de faire, c'est plus de 200 jeunes «sans chèques» ou à statut précaire de la MRC de L'Islet qui se retrouveront abandonnés, sans services, à partir du 1er avril.
Une rencontre qui laisse perplexe
A contrario de sa collègue, la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, Lucie Charlebois, qui révélait au journal Le Devoir en marge des manifestations du milieu communautaire sur l'ensemble du Québec qu'« il n'est nullement question de couper le financement des organismes communautaires, pour aucune considération », Norbert Morin a confirmé lors de cette rencontre que le financement du communautaire était maintenu pour les 18 prochains mois, mais que le gouvernement ne prend pas d'engagement au-delà du 31 mars 2016.
D'autre part, le député a défendu l'action de son gouvernement de réorganiser l'état. Il faut, selon ses propos, «redresser et revoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas».
Au bout du rouleau
Les organismes communautaires sont déjà à bout de souffle eux qui doivent composer avec des budgets qui souvent n'ont pas été rehaussés depuis de nombreuses années, alors que la demande augmente sans cesse. « C'est tout le filet social qui sera mis à mal, si Québec choisit de ne pas investir dans les missions des organismes communautaires et l'absence d'augmentation équivaut à empêcher les organismes de faire leur travail », a déclaré la présidente de la CDC ICI Montmagny-L'Islet, Manon Leclerc.
Le mouvement communautaire en Côte-du-Sud
En Côte-du-Sud, près de 80 groupes communautaires travaillent en vue d'améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés où ils sont enracinés pour répondre aux besoins des populations desservies. Ils sont engagés dans le travail quotidien contre la pauvreté, la discrimination, l'exclusion en vue de l'amélioration du tissu social par la création de groupe d'entraide et la mise en place de services adaptés aux besoins des personnes en cause.