Marjolaine Jolicoeur, L'Horizon, MRC des Basques, novembre 2014
« L’autonomie des MRC en matière de développement économique local est souhaitable, mais pas en sacrifiant les CLD », fait remarquer Bernard Vachon lors d’un récent entretien depuis sa maison de Saint-Mathieu-de-Rioux.
Ce professeur retraité du département de géographie de l'UQAM, qui fut membre du Groupe de travail pour le renouvellement de la Politique nationale de la ruralité, n’hésite pas à dire aussi que «l’abolition des Conférences régionales des élus (CRE) est une aberration.»
« Nous avions fait des pas intéressants depuis ces dernières années notamment avec le travail de ces organismes mais aussi avec Solidarité rurale. On voyait une plus grande sensibilité à l’égard du milieu rural et des régions.»
Décentralisation
Pour ce spécialiste en développement territorial qui voyage beaucoup à l’étranger, avec l’abolition de ces structures le gouvernement instaure une centralisation des pouvoirs. Une démarche à l’encontre de ce qui se passe en France, dit-il, où l’on a procédé à une décentralisation approfondie, tout comme en Suisse, au Danemark ou en Espagne. « Les MRC revendiquent depuis longtemps leur autonomie, mais on n’accorde pas les budgets équivalents au transfert des responsabilités.».
Il rappelle qu’en septembre dernier, lors du congrès de la Fédération québécoise des municipalités, le ministre des Affaires municipales s’était pourtant engagé à réformer le régime municipal pour une gouvernance de proximité concrétisée par une loi-cadre de décentralisation devant être adoptée dans les 24 prochains mois : « Cet engagement en faveur de compétences accrues aux collectivités territoriales accompagnées des ressources correspondantes, permettait de croire en la consolidation des institutions et dispositifs de développement des régions. C’est pourtant une opération insensée de démantèlement qui est engagée. »
Lettre ouverte au premier ministre
Bernard Vachon voit ce virage centralisateur comme un appui en faveur des deux grandes métropoles, au détriment des régions. A propos des coupures, de l’abolition d’organismes ou de la signature d’un Pacte fiscal sans véritable négociation, il s’interroge sur cette nouvelle gouvernance des territoires, dans une lettre ouverte adressée au premier ministre Couillard : « Est-ce là le projet de société et d’organisation territoriale que nous voulons ? Est-ce aussi le mode de relation entre le gouvernement et les instances locales et régionales que nous acceptons ? Qu’advient-il des objectifs pour plus d’égalité, plus d’équité, plus de justice, plus de participation, plus de démocratie? (…) La poursuite de l’équilibre budgétaire ne peut légitimer tous les reculs dans les acquis de société. Il faudrait vous en convaincre et en glisser un mot à vos zélés ministres».
Bernard Vachon a mis en ligne ses Tomes l et 2 de « La passion du rural : quarante ans d’écrits, de paroles et d’actions pour que vive le Québec rural ». On peut les consulter gratuitement sur le site de Solidarité rurale au : www.ruralite.qc.ca/fr/Enjeux/La-passion-du-rural