Valérie Lépine, Le Journal des citoyens, Prévost, le 20 novembre 2014
Le gouvernement libéral annonçait récemment qu’il ne verserait plus les 2,8 millions de dollars qu’il octroie annuellement pour l’entretien de la Route verte. Cette nouvelle a été dénoncée immédiatement par nombre de députés, de Municipalités et d’organismes qui craignent la détérioration à court terme de ce réseau cyclable panquébécois.
La Route verte est le réseau cyclable le plus vaste en Amérique du Nord. Il fait plus de 5 000 km, traverse quelque 400 municipalités et est reconnu internationalement. Depuis maintenant 20 ans, elle s’est avérée être un levier de développement économique important pour les régions en plus d’offrir un accès sécuritaire aux cyclistes de tous âges. Le magazine National Geographic l’a même classé en première place de son palmarès mondial des pistes cyclables vantant son accessibilité, sa signalisation et surtout la variété des paysages qu’elle permet de traverser.
Comme le rapporte le magazine L’Actualité dans son blogue du 10 novembre, « jusqu’ici, les subventions accordées dans le cadre du Programme intégré d’infrastructures cyclables et piétonnes couvraient la moitié des frais d’entretien — l’autre moitié étant fournie par les Municipalités —, en plus d’assurer une certaine uniformité dans l’affectation des dépenses vouées au maintien en état du réseau. »
Or, le gouvernement Couillard a fait savoir durant la semaine du 3 novembre que le volet 4 du pacte fiscal transitoire visant les transferts financiers aux municipalités serait aboli pour 2015. Cette coupure budgétaire de 2,8 millions risque d’une part d’entraîner des pertes de revenus importantes pour les régions et d’autre part, de conduire à la fermeture de tronçons majeurs du réseau, comme le dénonce le communiqué émis par les députés Martine Ouellet (Vachon), Sylvain Pagé (Labelle) et Claude Cousineau (Bertrand). Sylvain Pagé déclare par ailleurs dans ce communiqué que plusieurs organismes et corporations devront mettre fin à leurs activités entre autres la corporation du parc linéaire Le P'tit Train du Nord, dans les Laurentides, reconnu internationalement.
« Ces organismes nepourront pas assurer seuls l’entretien de cette infrastructure de transport. Cette décision n’a pas de sens; elle va à l’encontre du principe d’une société en forme et en santé. »
Toujours selon L’Actualité, « on craint […] que certaines Municipalités, déjà aux prises avec de sérieuses difficultés financières, abandonnent carrément les portions de la Route verte situées sur leur territoire, ou que d’autres exigent des cyclistes qu’ils se procurent une vignette payante pour circuler sur leur réseau cyclable — ce que le programme de subvention aboli par Québec permettait justement d’éviter. »
Dans un communiqué datant du 6 novembre, l’organisme Vélo Québec demande au gouvernement de revoir sa position. « Avec l'abolition de ce programme, le milieu n'aura tout simplement pas la capacité de supporter cette charge et assumer la gouvernance [du] réseau. […] Si rien n'est fait, la fermeture de tronçons majeurs est à prévoir, et cela, à très court terme », affirme Lucie Lanteigne, directrice générale de Vélo Québec Association.
Vélo Québec souligne par ailleurs que le Parc linéaire le P'tit Train du Nord [fréquenté chaque année par 1 250 000 cyclistes] génère à lui seul plus de revenus fiscaux et parafiscaux pour le gouvernement du Québec que ce que lui coûte le programme pour l'ensemble du Québec. La fermeture d’un ou de plusieurs tronçons de la Route verte représenterait une perte nette pour le gouvernement du Québec et l'ensemble des communautés.