Contamination par la violence

Vincent Di Candido, Échos Montréal, novembre 2014

Devant le cycle actuel de violences que l'on voit dans les nouvelles, que ce soit dans les fusillades kamikazes de loups solitaires en Amérique du Nord; ou les violences terroristes perpétrées au Moyen-Orient par des groupes tels ISIS et Khorasan qui, au nom d'une « vérité » qu'ils croient détenir amènent leurs membres à se sacrifier pour la cause, il est important d'analyser les causes qui poussent ces éléments fanatiques, essentiellement des marginaux solitaires manipulés par des factions extrémistes à poser des actions insensées d'une violence hors du commun. Globalement, la société actuelle de consommation et de performance ne laisse pas de place à une nouvelle génération en perdition.

Celle-ci, constamment en quête d'une oreille attentive pour combattre ses moments de solitude et étancher sa soif d'interactions humaines va de plus en plus se réfugier – modernisme des communications oblige – dans ses téléphones intelligents et les milliers d'amis virtuels des sites de médias sociaux de tout acabit. Mais cela ouvre la porte à une vulnérabilité sociopsychologique et émotionnelle majeure et à des dérapages, que n'ont aucune difficulté à exploiter les prédateurs et les extrémistes en tous genres. On peut facilement recruter des membres vulnérables et à bon marché sur des sites d'interaction web, alors qu'Internet devient un « meat market » de kamikazes potentiels. Notre société de consommation se mesure aussi par ses excès égocentriques et la démesure qu'elle amène, souvent au détriment de la vie familiale, générant son lot de ruptures, dont les enfants font les frais. Il n'est plus rare de constater que les longues heures de travail et/ou l'addiction à des sites d'échanges sociaux virtuels viennent perturber la vie de couple et ultimement causer la dislocation du cocon familial.

Le stress quotidien de performer, tant au niveau professionnel que dans ses relations interpersonnelles, peut a posteriori conduire à la recherche de coupables, avec comme cibles principales et faciles le gouvernement et les riches. Malheureusement, devant les exemples réels de cupidité et d'auto-attribution arbitraire de privilèges que s'octroient ces derniers, on peut en effet aisément comprendre ce qui peut amener les esprits tordus ou faibles à cette réflexion, et à la conception de la violence comme seule alternative viable pour le message de terreur que ces fanatiques se croient autorisés à véhiculer. Nos dirigeants doivent être attentifs aux comportements déviants et aux actions extrêmes d'individus en marge de la société, qui se veulent supposément à la recherche d'un monde idéal mais finissent par être entraînés dans une spirale fanatique et politico-religieuse allant jusqu'à l'assassinat.

Tout comme les grands décideurs politiques ou financiers ont la responsabilité de s'affairer à offrir une meilleure répartition de la richesse. Surtout dans un pays comme le Canada, qui foisonne de richesses naturelles, mais dont la majorité de ses citoyens ne bénéficient pas. N'oublions pas non plus que notre pays est un pays de liberté, et que toute restriction éventuelle de notre démocratie pour combattre l'extrémisme serait un leurre et une grave erreur.

Il suffit de tenir compte du passé pour constater cette réalité, alors que moult pays ont profité de ces arguments de lutte au terrorisme pour, dans les faits, procéder à la mise en place de dictatures avec des fanatiques qui se sont emparés du pouvoir.

 

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