L’homme qui plantait des sapins

Louise Lamontagne, Le p’tit journal de Woburn, Woburn, novembre 2014

Saison oblige, je m’entretiens pour cette première chronique avec un producteur de sapins de Noël, François Périnet. Natif de Woburn, François, 44 ans, est le fils de Gérald Périnet et de Françoise Paquette. Il a deux sœurs et un frère jumeau. François raconte : « Mon grand-père possédait le magasin général à l’emplacement actuel de la quincaillerie. Mes parents ont pris la relève et c’est devenu une épicerie, puis une quincaillerie. »

François étudie à Woburn, Bromptonville, Lapocatière et termine son secondaire à Lac-Mégantic. Puis, il entreprend une technique en génie civil à Sherbrooke et obtient son baccalauréat à Montréal. Finissant ses études en 1993, il travaille trois ans comme ingénieur pour la ville de Chambly. Sa conjointe, Marie-Josée Cloutier, et lui ont trois enfants. En 1996, il achète une terre d’environ 600 acres et décide d’exploiter une érablière.

Pourquoi exploiter une plantation de sapins? « Une raison pour laquelle j’ai embarqué dans la production de sapins de Noël, en 2003, c’est qu’à l’époque, tous les producteurs de la région avaient environ 65 ans. Je me disais donc que je pourrais faire partie de la relève. Aussi, on avait de bons employés et on voulait les garder. L’érablière donnait du travail trois mois par année. On a cherché une culture complémentaire qui nous permettrait de les faire travailler toute l’année. La plantation de sapins et l’érablière répondaient à ces critères. »

François emploie deux personnes à temps plein et une autre à temps partiel et cultive deux variétés de sapins. Le sapin baumier, sans aucun doute le sapin le plus connu et le plus recherché, et le sapin Cook, plus bleuté. À l’achat des plants, le sapin mesure entre 14 et 16 pouces et il a déjà 4 ans. Pour atteindre sa maturité, il faut attendre encore 10 ans. La plantation se divise en plusieurs parties qui correspondent à chacune des années d’exploitation. La première année, François a planté 2 000 sapins et dans les 8 années suivantes, entre 10 000 et 15 000 plants se sont rajoutés chaque année pour un total d’environ 95 000 sapins. « La planification est très importante, dit-il.

Il faut fournir à peu près le même nombre de sapins chaque année pour répondre à la demande des acheteurs. » François plante les sapins avec un espacement de cinq pieds entre les plants et un passage de cinq pieds entre chaque rangée. Ce passage sert au tracteur et à la débroussailleuse. Le Club agroenvironnemental de l’Estrie et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) encadrent et supervisent les bonnes pratiques aux champs.

« Le secret pour obtenir de beaux sapins c’est la bonne gestion de sa croissance, poursuit François. Le sol doit être très bien drainé pour empêcher l’accumulation d’eau à la base de l’arbre. Les pertes surviennent habituellement dans les deux premières années. Cette année a été superbe. Il a plu beaucoup au printemps, mais le sapin n’était pas encore dans sa période de croissance. L’été sec et ensoleillé a fait le reste. »

À la mi-juillet, François commence la taille des sapins, opération qui s’étend jusqu’à la fin du mois d’octobre. Ensuite, il les coupe et les emballe pour les expédier à ses clients.

« En 2014, on a vendu deux conteneurs de sapins dans les Caraïbes, dit-il. Ces conteneurs réfrigérés partiront pour Montréal, pour ensuite faire le voyage en bateau. Le trajet de Woburn aux Caraïbes prendra un mois. Ces sapins serviront à décorer les hôtels de la région. » Quelles sont les qualités requises pour exploiter une plantation de sapins de Noël? « Il faut savoir se débrouiller, car la formation est rare, répond-il.

J’ai appris sur le tas, en discutant avec d’autres producteurs. La planification à très long terme est essentielle. Avoir aussi un bon sens des affaires, car nous vendons nous-mêmes nos sapins. La recherche sur Internet et cogner aux portes pour trouver d’éventuels clients sont quelques moyens que ma conjointe et moi avons trouvés pour nous faire connaître. D’ailleurs, Marie-Josée s’implique beaucoup dans la gestion de la plantation. Elle s’occupe des clients, répond à leurs questions, prend part aux transactions et gère aussi les différentes inspections. »

Présentement, le marché et les prix sont stables. « C’est dur de percer dans  le domaine du sapin, confie François. Au Canada, 80 % des producteurs de sapins se situent dans les régions de Sherbrooke, de Lac-Mégantic et de Thetford Mines. Mais la concurrence vient principalement des États-Unis. Par exemple, le plus petit producteur des États-Unis est plus gros que le plus gros producteur du Québec. »

En terminant, voici un conseil de François pour l’arbre de Noël. Il est préférable de toujours couper une fine tranche du tronc de notre sapin de Noël pour permettre à sa base de bien absorber l’eau. Dans les premiers temps, l’arbre peut boire plus d’un litre d’eau par jour. Pour plus d’informations on peut consulter le site www.beausapin.com

 

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