Le courage sacrifié

Rose-Hélène Fortin, L’Attisée, Saint-Jean-Port-Joli, novembre 2014

L’année 2014 rappelle le centième anniversaire du Royal 22e Régiment et la triste déclaration de la Première Guerre mondiale. Les familles orphelines de leurs soldats blessés et décédés à cette guerre de même qu’à la seconde de 1939-1945 ne peuvent oublier.

Sarto avait un héros. Il a perdu son héros. La guerre tue les héros.

L’année 2014 s’est souvenue. Cent ans plus tôt, la Première Guerre mondiale avait épousé le diable pour enfanter le mal. Le général Dallaire en pense autant de l’atrocité du conflit au Burundi dans son livre «J’ai serré la main du diable.» Pour nous, confortables et inconscients dans notre éloignement, ne pouvions concevoir l’homme soldat dans un enfer sur terre quand l’univers a tant de belles histoires à raconter. Mais quand le chapitre du mal de guerre s’ouvre, tous les continents tremblent comme l’ont fait les années 1914-1918 et 1939-1945, puis encore les années de Corée, du Vietnam et… et… et notre aujourd’hui prêt à éclater. Si incomplète soit-elle, la liste des braves défenseurs de notre paisible nid d’hier veut dire : mille fois MERCI. La première guerre a enterré ses vétérans avec leurs faits d’armes. Nos voisins de Saint-Damase n’effaceront jamais les noms de leurs combattants du 1er confl it dans leur histoire centenaire L’écho du passé : Étienne Blier, Léon Lord, Camille Dubé, Wilfrid Pelletier, Pierre Blier, M. Caron et Joseph Bélanger.

« Aller au front » : terrible mission d’une vie. Plus près de nous, la seconde guerre tente de se révéler par le souvenir de ses résistants revenus avec leur choc secret, souvent mal reconnus ou oubliés sans remerciements sauf le 1/365e d’année au mois de novembre. Volontaires ou non, certains ont fait l’entraînement draconien et nécessaire aux combats pour servir dans la « réserve ». L’ennemi avait déjà l’œil sur des endroits stratégiques de l’Amérique. Fernand Deschênes trempé dans ce chaudron trop épicé a su le dépeindre avec toute la noirceur de sa vérité.

D’autres ont été traqués par la conscription tandis que des p’tits gars de chez nous ont choisi d’offrir la force de leurs 20 ans comme l’ont fait à la guerre de Corée les frères Bertrand et Lucien Desrosiers (Alex), Lucien Fortin (Gustave), Yvon Poirier et Émilio Tremblay (frère d’Omer), un double vétéran puisque son nom était déjà au tableau de la 2e guerre.

Le second fléau mondial nous rejoint davantage parce que nos aînés, parents ou lecteurs de L’ATTISÉE se font complices de nos interrogations. À Saint- Aubert, nous nous devons de parler des oncles de Sarto Fournier, Armand grièvement blessé au champ d’honneur et Adrien sauvé par la cloche de la fin des combats, puis Émilio Tremblay nommé plus haut et Jacques Caron (Édouard). Dans le profil d’armée de ce dernier, il est écrit : Jacques a servi au Canada Royaume-Uni, Europe Continentale et est revenu médaillé du service volontaire de l’Armée Canadienne avec Agrafe. Émotions de fierté chez les enfants. Trois frères Cloutier de la famille de nos taxis légendaires de Saint-Jean-Port-Joli ont vécu cette 2e guerre. Le volontaire Léo a traversé de l’autre bord comme disaient nos parents. Roméo a été cantonné à Valcartier. Roger a presque mis le pied sur le dernier bateau partant d’Halifax quand les clochers de nos églises ont survolté leurs grelots pour crier à tue-tête la capitulation de l’ennemi. On nous a mentionné les noms d’Herménégilde Deschênes et un Chouinard connu sous le surnom de Titi. Nos 2 irréductibles médecins de famille ont dû répondre à une urgence sans pareille. En 1939-1940, le docteur Fernand Lizotte fut capitaine de réserve et officier médical du Royal 22e Régiment en Angleterre. Pendant 3 ans, le docteur Chassé, a joué un double rôle.

 

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