Le billet d’humeur

Mario Gagnon, Le P’tit Journal de Malartic, Malartic, le 29 octobre 2014

Retour sur les événements récents entourant la candidature de Mgr Ouellet à la papauté. Au centre du village, plusieurs journalistes de multiples médias nationaux et d’ailleurs, occupent le sous-sol de l’église. Ayant comme témoins de nombreux badauds.

En attendant le couronnement on interroge les villageois qui confessent leurs inquiétudes sur l’impact de la venue d’un éventuel Pape lamottois. La Motte est sur la carte, R.D.I. mousse cette candidature toute canadienne. L’émission culinaire Bien dans son assiette à l’antenne de la première chaîne, présente un reportage dans lequel nous sommes informés des menus régionaux concoctés à l’intention de la meute de journalistes.

Et pendant ce temps, Infoman, accorde un temps d’antenne, nous faisant découvrir la chanson du Pape du groupe local les Frappes à bord en plus d’accorder une entrevue exclusive avec les propriétaires du dépanneur, nous expliquant qu’en pareille circonstance, ils ont acheté une petite cafetière qui a malheureusement brisé. À la radio, pour mon plus grand bonheur, la toune « Le wrap du Pape » de Stephen Faulkner se remet à jouer alors qu’elle fut interdite lors de la visite du pape au Stade Olympique. Ce cirque médiatique qui aiguise l’effervescence, la fébrilité tout en éveillant la fibre judéo-chrétienne me fait réagir.

Et si La Motte couronnait un des siens pape, j’ose imaginer ma suite. Des promoteurs immobiliers magnétisés par l’appât du gain, construisant sur un «button», au bord du lac, un complexe hôtelier, petite chapelle incluse. De grandes affiches néon couleur rouge précieux-sang y annonçant « Louons le Seigneur, 150$ par jours, quatre étoiles, une aurore boréale ». J’ose imaginer ma suite, une quelconque multinationale pompant l'eau du lac pour y embouteiller des cruchons de 75 ml de Ouellette, la venue d’escrocs extérieurs installant un stand afin d’y vendre des copies de compacts- disques gravés, sur lesquels on y trouve la voix plagiée du pape prononçant une homélie en algonquin «anischnabe» on ne comprend rien, mais c’est vendeur. J’ose imaginer ma suite, un inventeur exposant son inventaire de grille-pain pour les hosties toastées, une dame anglaise «artizzanant» les chapelets en glaise. Un tour de ville animé par un guide chevronné expliquant la vie locale de monseigneur. On s’y arrête devant ce qui fut autrefois la patinoire pour expliquer aux touristes-ethniques, l’endroit où ce pape a donné son premier coup de patin, tout en spécifiant que son genou droit pliait du même bord que le gauche.

Entretemps, je suis en forêt à l’intérieur d’un camp rustique, nous sommes le 13 mars 2013 en après-midi, je craque une allumette en bois sur la bavette du poêle «aboie», puis sort du campe et regarde la fumée blanche décoller mon feu. À ce moment, c’est avec empressement que j’entre à l’intérieur, ouvre ma radio tout en ne sachant pas qu’un milliard 700 millions de chrétiens à travers le monde attendaient mon geste pour qu’on y annonce que finalement ce n’est pas un pape abitibien. Le conclave et l’esprit-saint haute vitesse auront mis moins de 36 heures pour y faire leur oeuvre. On n’arrête pas l’progrès.

L’idée d’être envahi par un tourisme religieux s’en fut allée. C’est le retour de la culture de la terre et des gens, ainsi deux jours ont passé pour que La Motte retrouve à nouveau sa tranquillité tranquille. Le spot se ferme.

 

Bidule

 

La rançon de la gloire amène son lot de désagréments. On aime la tranquillité tranquille!

 

 

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