Un triste constat

Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, octobre 2014

Selon la toute récente étude du Conference Board du Canada, il appert que les jeunes travailleurs sont les grands perdants de la montée des inégalités entre les générations depuis 30 ans. Alors qu’on a progressé depuis les trois dernières décennies au niveau de la lutte contre les inégalités de revenu entre hommes et femmes, l’écart salarial ne cesse de se creuser entre les générations de travailleurs, ce qui pourrait menacer la croissance économique et la stabilité sociale futures.

Cette variante s’est accentuée autant pour les hommes et les femmes, individuellement et par couple, et ce, avant comme après impôt. Le revenu disponible des Canadiens âgés de 50 à 54 ans est aujourd’hui supérieur de 64 % à celui des 25 à 29 ans contre 47 % au milieu des années 1980.

Il est normal que des travailleurs plus âgés gagnent plus que des travailleurs moins expérimentés. Avec le départ à la retraite des baby-boomers, les Canadiens devront cependant compter sur une plus petite proportion de la population pour stimuler la croissance économique et maintenir l’assiette fiscale qui permet de financer les services publics.

Ce phénomène de décroissance économique pour les jeunes n’est pas diffus. Au contraire, on connaît de plus en de jeunes qui, ayant reçu de très bonnes formations collégiale et universitaire, se retrouvent contraints à vivre chez leurs parents, coincés dans des emplois peu rémunérés dans l’industrie des services. Quelle perte de talents il s’en suit!

Derrière les inégalités salariales, il n’y a pas juste la question des droits de scolarité ou l’augmentation du coût des logements, il y a d’abord et avant tout la précarisation du travail et la détérioration des conditions de l’emploi. Le taux de chômage masque la sous-utilisation de la main- d’œuvre à la grandeur du pays.

Les statistiques de l’emploi tiennent-elles compte du nombre d’individus qui occupent un emploi à temps partiel, un contrat à durée limitée, un emploi de pigiste ou de travailleur semi- autonome? Bref, toutes sortes de personnes, en large part des jeunes, qui n’ont qu’une fraction du salaire et surtout peu ou prou d’avantages sociaux.

Bien sûr, plusieurs entreprises qui gagnent en efficacité et en efficience ont tendance à sabrer les conditions de travail pour afficher un meilleur rapport financier. Mais à moyen et à long terme, l’appauvrissement s’accentue. À force de croupir, notre belle relève ne risque-t-elle pas de perdre sa motivation et de saboter son élan créateur faute de ressources?

 

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