Alain Gravel enquête…et roule!

Christiane Dupont,
Journaldesvoisins.com,
Ahuntsic, octobre 2014

On le connaît parce qu’on le voit chaque semaine au petit écran de Radio-Canada. Avec son équipe d’ Enquête, il a su débusquer des vérités qui ont permis aux Québécois de détricoter maintes problématiques, notamment sur la collusion dans l’industrie de la construction. Ici, dans Ahuntsic-Cartierville, on l’aperçoit peut-être à vélo, ici et là. À 56 ans, Alain Gravel persiste et signe.

Journaliste depuis plus de 35 ans, Alain Gravel a amorcé sa carrière alors qu’il était dans la jeune vingtaine. Originaire du quartier Sainte-Dorothée à Laval, le journaliste avait fait un DEC en Arts et Technologie des médias à Jonquière. « Je suis peut-être le seul journaliste de Radio-Canada à ne pas avoir fini un baccalauréat », dit-il, en riant.

À ses débuts, en 1978, il travaille à la station de radio CKCV de Québec, puis à Jonquière et enfin à la station montréalaise CKAC. « J’ai d’abord fait trois ou quatre stations en deux ans », dit-il. Durant les neuf années qu’il passe à CKAC (« l’Âge d’or de la station », dit-il), Alain Gravel côtoie chaque jour les Jocelyne Cazin, Richard Desmarais, Jacques Camirand, Michel Viens, Jacques Morency et André Pratte. « J’ai fait de tout, dit-il, de nuit, de jour, sur appel, les “chiens écrasés”, les élections américaines, l’incendie de l’entrepôt de BPC à Saint-Amable, l’histoire des sœurs Lévesque, et les élections haïtiennes ratées en 1987 après le départ de Duvalier. »

C’est durant cette période qu’il décide de poursuivre en parallèle deux ans d’études en sciences politiques à l’UQAM. En 1989, il laisse CKAC pour un autre médium. « Certains quittaient la station pour TVA », dit-il. Il y côtoiera, notamment, le regretté journaliste Gaétan Girouard. Il couvre alors la fameuse crise d’Oka et la guerre du Golfe persique, entre autres.

 

« Es-tu fou? »

 

Quatre ans plus tard, Alain Gravel devient journaliste au Point de Radio-Canada. Puis, en 1997, il prend la barre d’une nouvelle émission, Enjeux , qui deviendra, par la suite, Enquête. « Quand Jean Pelletier m’a parlé de faire une émission d’enquêtes, je n’y croyais pas trop. Je lui ai dit : “Es-tu fou?” Ça coûte cher faire des enquêtes et on ne sait pas trop ce que ça va donner… De façon systématique, ça n’existait pas vraiment. C’est lui qui a donné l’élan! », dit-il, ajoutant qu’il y avait bien quelques collègues qui en faisaient, dont André Noël, à La Presse et des journalistes de The Gazette.

Ne lui arrive-t-il pas d’avoir peur au gré de ses enquêtes? « Peur? Non, dit-il. Si j’avais senti que je pouvais mettre mon entourage en danger, j’aurais arrêté, mais je n’ai jamais eu de menaces directes. » Par ailleurs, il précise, avoir peur de faire des erreurs, de ne pas avoir l’information précise. « C’est le métier du doute », explique-t-il. Poursuivant sa réflexion sur la question, il dira ceci : « En fait, j’ai eu plus peur dans les zones de conflit, notamment en Haïti et en Afrique du Sud. » Il ajoute : « Je ne suis pas cow-boy! »

 

« Rouler » sa bosse

 

Au nombre de ses passe-temps, Alain Gravel compte évidemment le vélo, mais aussi le bénévolat pour la profession. Ainsi, de 2004 à 2007, il décide de pousser à la roue et de remettre un peu au métier : il présidera aux destinées de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

Le vélo occupe une place importante dans sa vie. Il s’est promené un peu partout avec sa bécane. Auparavant, il faisait de la course. Il se rend souvent travailler à vélo, été comme hiver. D’ailleurs, il préfère habiter Ahuntsic-Cartiervilleplutôt que le Plateau Mont-Royal,par exemple… « Le Plateau, dit-il narquois, c’est pas assez loin pour aller au bureau en vélo! » Il se dit « pas mal sauvage et indépendant», même s’il précise aimer le travail d’équipe

 

«Une rue fantastique!»

 

Comme résidant, il fait l’apologie du quartier et de la nouvelle rue Fleury Ouest. Pour lui, Ahuntsic-Cartierville est un beau compromis entre la ville et la banlieue.«J’aime mes voisins, lance-t-il, et le silence sur mon bout de rue!».

Résidant non loin d’un parc, il apprécie la tranquillité quand il est à la maison. « Le babillage des enfants ne me dérange pas du tout, dit-il. En revanche, quelqu’un qui apporte sa radio au parc et qui le fait écouter à tout le monde, ça, j’ai de la misère! »

Parallèlement à sa carrière de journaliste, Alain Gravel a fondé une famille. Deux de ses trois enfants gagnent leur vie en journalisme ou dans un domaine connexe. Quant à sa petite dernière, elle ne suivra sûrement pas ses traces, laisse-t-il entendre. Ne lui a-t-elle pas dit : « Ça ne m’intéresse pas ton job! Tu te fais toujours poursuivre! », faisant allusion au fait qu’Enquête et son animateur récoltent plus que leur part de poursuites en justice…

 

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