Daniel St-Onge, Regards, Sherbrooke, octobre 2014
C’est avec une épluchette de blé d’Inde « en français » que le Centre d’éducation populaire de l’Estrie (CEP) tenait sa Journée d’accueil des élèves, au lendemain de la Journée internationale de l’alphabétisation du 8 septembre.
Le CEP, dont la mission principale est l’alphabétisation, mission à laquelle s’est ajoutée « l’alpha-francisation » depuis quelques années, est sans contredit un pionnier en la matière à Sherbrooke. C’est peu dire car, en mai dernier, il marquait ses 35 années d’existence. « À ses débuts, l’organisme s’est appelé Shécrilire, puis L’Arbralettre, pour enfin prendre son appellation de CEP en 1994. », raconte la formatrice Diane Poulin, véritable mémoire vivante du CEP. Elle y œuvre depuis 1982. Pour sa part, la coordonnatrice Mylène Rioux précise que le centre s’adresse à une clientèle adulte de 16 ans et plus ayant laissé l’école et désirant acquérir une réelle fonctionnalité en français, tant à l’oral qu’à l’écrit. Cette clientèle, à l’origine composée de Québécois dits de souche, est maintenant formée de personnes immigrantes à près de 90 %, puisque le centre s’est adapté, avec les années, à la nouvelle réalité démographique de Sherbrooke. Fait à noter, plusieurs de ces gens habitent le quartier Ascot. À ce sujet, Mme Rioux dit : « Certains arrivent au pays analphabètes dans leur propre langue, alors il faut les prendre à zéro, autant dans l’apprentissage du français oral que dans celui de l’alphabet écrit. Voilà pourquoi nous parlons davantage aujourd’hui d’alphafrancisation.».
Mylène Rioux ajoute que le centre jouit d’une très belle collaboration avec le Ministère de l’immigration du Québec, qui possède son propre programme de francisation pour les nouveaux arrivants.
En plus de sa vocation première, le CEP offre des ateliers en mathématiques et en technologie, notamment pour l’utilisation de l’ordinateur et, nouvellement cette année, de la tablette électronique. Il faut dire qu’en 2014, certaines personnes peuvent être considérées comme des analphabètes numériques si elles ne maitrisent pas, minimalement, l’ordinateur. Pour les participants, cela se fait toujours dans un contexte d’appropriation de la langue française.
Cette année, on développe un tout nouvel atelier en tissage qui est, pour l’instant, réservé aux personnes référées par le centre d’emploi, dans le cadre de son programme PASS-Action. Le CEP accueille chaque année des participants à ce programme, qui s’adresse spécifiquement à ceux et celles voulant éventuellement intégrer le marché du travail. Le CEP compte huit employés, dont quatre formatrices et un formateur. « En cours d’année, et selon le « roulement », ce sont plus de 80 personnes qui sont formées au centre, dont une soixantaine de façon assidue. », dit Mylène Rioux.